Fiasco de la gare: qui va payer?

CHANTIER • Les travaux de la gare ne commenceront pas avant janvier 2024, un retard dont l’impact financier se chiffre à plusieurs millions. Alors que la Ville souhaite aménager transitoirement le site, personne ne sait pour l’instant qui va assumer les surcoûts.

  • Réaménager la gare en attendant le début réel des travaux, une priorité. BONAVITA

    Réaménager la gare en attendant le début réel des travaux, une priorité. BONAVITA

Voilà qui promet une sacrée foire d’empoigne. Le 11 octobre dernier, les CFF annonçaient qu’en raison d’«études complémentaires (rendues) nécessaires suite aux différentes expertises effectuées, une partie des travaux de transformation et de modernisation de la gare de Lausanne ne pourrait pas débuter comme espéré en décembre 2022». Tollé général en particulier du Canton et de la Ville qui ont dépêché la semaine dernière à Berne la municipale lausannoise Natacha Litzistorf et la conseillère d’Etat Nuria Gorrite, afin d’obtenir des garanties auprès de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga.

Sauf qu’au-delà des bonnes intentions politiques, subsiste le court terme. Et le court terme, c’est la volonté affichée par Natacha Litzistorf d’essayer d’humaniser la gare dans l’intervalle du début des travaux, prévus pour janvier 2024 dans le meilleur des cas. Enlever les affreuses palissades qui balafrent la place de la gare, imaginer des aménagements transitoires… de nombreux projets devraient être dévoilés incessamment.

Changements pour Noël

Avec un questionnement: qui va payer pour ces aménagements temporaires, de l’ordre d’une centaine de milliers de francs au moins? «Entre la conception et la mise en place, c’est beaucoup de travail d’autant que j’espère faire des changements d’ici Noël, explique Natacha Litzistorf. Ces coûts ne sont pas négligeables et du reste, ils ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. Les surcoûts liés à l’impact des retards y compris sur les autres projets en dehors du périmètre directe de la gare, comme le métro m3, les dizaines de petites chantiers impactés etc, se chiffreront en millions».

Pointés du doigt et jugés responsables du fiasco actuel par les élus lausannois et vaudois, les CFF et l’Office fédéral des transports bottent pour l’instant en touche. «Les impacts financiers des retards doivent être analysés, non seulement pour les pouvoirs publics, nos commanditaires, mais aussi pour les entreprises du projet, lance Jean-Philippe Schmidt, porte-parole des CFF. Ces calculs seront faits au fur et à mesure et il est trop tôt pour répondre plus précisément à cette question».

«Ce ne sont pas tous les travaux qui seront retardés, nuance Michael Müller, chargé de communication pour le département fédéral des transports (DETEC). De nombreux chantiers sur plusieurs secteurs sont en cours ou vont se poursuivre comme prévu, comme par exemple le chantier pour les voies ferroviaires, la construction du parking ou la réfection d’ouvrages. Pour les coûts supplémentaires, des clarifications sont actuellement en cours. Nous ne pouvons donc pas nous prononcer sur leur montant, ni sur qui doit les prendre en charge». Pour la municipale Natacha Litzistorf, la réponse à cette question ne fait en tout cas pas un pli: hors de question que la Ville entre en matière et paie pour des surcoûts dont elle n’est en aucun cas responsable: «Il n’appartient pas à la Ville de payer. J’applique le credo des magasins: celui qui touche et casse doit payer!»