Gaza: comment le CICR a œuvré en coulisses pour sauver les otages israéliens

TRACTATIONS - A Genève, le Comité international de la Croix-Rouge a organisé en toute discrétion des rencontres avec les familles d’otages retenus à Gaza. 

Il y avait de quoi être surpris si vous circuliez aux abords de la route de Malagnou à Genève lundi 13 novembre dernier vers 19h. Les automobilistes et les piétons ont en effet assisté à un étrange bal de la part de policiers, la plupart à moto, déployés pour bloquer le trafic le long de cet axe très emprunté. Objectif: permettre le passage d’un convoi de voitures noires. Pourtant, aucune information préalable n’avait été dispensée. Contactées par nos soins, les forces de l’ordre n’ont pas souhaité s’exprimer sur ce mystérieux cortège.
Rencontres à Genève
Alors? Pour trouver des réponses, il faut chercher du côté de la Genève internationale et en particulier du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). L’institution informe, via un communiqué de presse, avoir organisé plusieurs rencontres à Genève entre sa présidente, Mirjana Spoljaric, et des familles d’otages détenus par le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre lancée contre l’Etat hébreu. «Nous continuons de demander instamment la libération des otages et de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour avoir accès à ces personnes. Nous sommes profondément préoccupés par le fait que des enfants, des personnes âgées ou en situation de handicap et d’autres individus vulnérables figurent parmi les détenus», souligne celle qui est à la tête du CICR depuis une année.
Intérêts des otages
Pour cela, l’institution affirme demander «continuellement» des informations sur les otages et leur état de santé, et rappelle qu’ils doivent être traités avec «humanité». «Le CICR défend constamment les intérêts des otages détenus à Gaza, y compris directement auprès du Hamas et auprès d’acteurs susceptibles d’avoir une influence sur les parties en conflit», détaille notamment Mirjana Spoljaric.
En tout, trois rencontres ont été organisées avec les représentants des familles touchées, auxquelles il faut ajouter deux entrevues similaires en Israël avec le chef de la délégation du CICR auprès de l’Etat hébreu. Une ligne d’assistance téléphonique a également été mise en place.
Mais pourquoi organiser ces rencontres en catimini? Pour le CICR, il s’agit d’une stratégie mûrement réfléchie: «Nous savons, grâce à des décennies d’expérience, que la meilleure façon d’influencer le changement pour ceux que nous voulons aider est de faire profil bas. Notre action auprès des personnes influentes doit donc être discrète», peut-on lire sur le site Internet de l’organisation.
Approche bilatérale
Le CICR assume également sa volonté de ne pas condamner publiquement le Hamas sur cette question des otages, rappelant que son objectif consiste avant tout à les libérer et à obtenir un accès jusqu’à eux. Dans ce cas aussi, c’est l’expérience qui est invoquée pour expliquer cette relative discrétion. «Nous ne sommes pas une organisation axée sur la dénonciation. 
Des années de pratique dans les discussions avec les parties en conflit et les groupes armés non étatiques ont prouvé que notre approche bilatérale pour soulever des questions préoccupantes est importante pour obtenir des résultats», explique l’institution.
Pour l’heure, impossible de savoir si ces rencontres portent leurs fruits. Le CICR affirme toutefois se tenir prêt pour faciliter la libération des personnes toujours détenues, «comme il l’a déjà fait pour quatre d’entre eux».
A noter qu’au cours de ces rencontres, le CICR a également reçu le ministre des Affaires étrangères et le ministre de la Santé israélien.