Guillaume Canet: «Rester dans l’ADN d’Astérix, un grand défi!»

CINEMA • Après quatre années d’un tournage pharaonique, le nouvel opus d’Astérix débarque au cinéma avec un nouveau duo dans la peau des célèbres gaulois. Autour de Gilles Lellouche et de Guillaume Canet, on retrouve une légion de stars qui part à la conquête de toutes les salles. Toutes ? Toutes! Guillaume Canet, qui réalise ici son huitième film, nous révèle quelques-uns des secrets de sa potion magique.

Lausanne Cités: Le film est dédié à vos enfants, et vous y avez convié votre bande de copains. «Astérix», c’est un film de potes ou un film de papas?

Guillaume Canet: Le seul copain que j’ai sur le film, c’est Gilles Lellouche, sinon, il n’y a que des acteurs avec qui je n'ai jamais tourné. Bon, à part Marion (Cotillard, ndlr) qui est plus qu'un copain…

C’est assez fou, parce qu’il y a un vrai esprit de bande qui infuse dans le film …

Alors tant mieux! Mais non ce n’est pas un film de copains. C’est le film de quelqu'un qui a envie de raconter une histoire d'aventures, d'épopée épique et populaire. C’est plus un film de papa effectivement, un film de papa qui raconte une histoire à ses enfants...

Chose remarquable, vous proposez une histoire originale, et non une adaptation d’album… Comment est née cette nouvelle histoire?

Je n’en suis pas à l'origine. Il y avait 30 pages qui étaient écrites par Philippe Mechelen et Julien Hervé (les deux scénaristes des Tuche, ndlr), et Alain Attal, mon producteur, est venu me demander si je voulais réaliser ce film. Il y a eu un casting de réalisateurs, ils m'ont pris, pour finalement décider de le faire sans moi avant de revenir me chercher! Ça a un peu été le yo-yo! Je me suis approprié cette première version, j’ai fini par en écrire six différentes en y amenant mon univers, mes références…

Ça ne pouvait pas être quelqu’un d’autre que Gilles Lellouche pour vous donner la réplique en Obélix?

Après Depardieu, il y en a surtout pas beaucoup qui auraient eu le courage de reprendre ce rôle! C’était quand même compliqué pour Gilles, il a dû prendre vingt kilos! Il a fait un travail physique assez intense, il passait des journées entières sur le plateau avec son costume hyper imposant qui lui tenait beaucoup trop chaud, sans jamais râler. Il était toujours de bonne humeur, toujours content d'être là et ça a été vraiment très agréable pour moi d'avoir ce soutien de sa part.

Et vous, comment avez-vous abordé l’interprétation d’Astérix?

Ça a été un gros travail de rester dans l'ADN d'Astérix, le fruit de nombreux échanges, d’abord avec Albert Uderzo que j'ai eu la chance de rencontrer en compagnie de Gilles. Je lui ai lu les premières pages du scénario, assis dans un canapé de son bureau, là où il a dessiné tous les albums. C'était un moment extrêmement touchant pour moi de me retrouver en face de lui, avec ses éternels yeux d'enfant, qui écoutait les premières scènes. Et je lui ai fait cette promesse, celle de respecter son univers. J’ai continué à avoir de nombreux échanges avec les ayants-droits, la famille, ça a été un ping-pong continu.

Lorsqu’on regarde le film, on sent que vous avez voulu insuffler au petit Gaulois des préoccupations bien contemporaines, notamment par rapport à la nourriture ou à sa dépendance à la potion magique, etc.? N’avez vous pas eu la crainte de trahir le personnage?

Non, Astérix a toujours fait écho aux sujets de son époque. Je voulais d'ailleurs que la première scène du film soit fidèle à l'univers de Goscinny, qui avait ce talent pour retranscrire l'actualité dans la bouche de ses personnages. Cette scène un peu mythique qu'on a dans tous les albums, où ils sont en train de chasser le sanglier, je trouvais ça assez marrant et décalé qu’Astérix remette un peu en question les bienfaits de la viande et se demande si dans le fond ce ne serait pas bien de manger un peu plus de légumes, avec Obélix qui hallucine à côté de lui. Et puis même, c'est vrai de dire que la potion magique, on n'a pas le recul, on ne sait pas vraiment si c'est bon pour l'organisme, on ne sait pas vraiment ce qu'il y a dedans…

Là, vous faites référence à quoi ?

Vous imaginez bien à quoi je fais référence! Il y a toujours des petits clins d'œil aux sujets brûlants de l'actualité chez Astérix…

Et puis il y a l’amour… On sent que les deux copains en ont un peu marre d’être des vieux garçons… Cela aussi c’est assez nouveau?

Je me suis rendu compte très rapidement que dans le fond, Astérix et Obélix sont plus des grands enfants que des vieux garçons. Leurs sentiments sont exacerbés. J’avais envie qu’ils connaissent le sentiment amoureux, que ça chahute un peu leur relation, leur amitié, leurs certitudes. Même si depuis longtemps dans les albums, il y a déjà Falbala…

Le casting du film ne compte pas moins de 32 stars ! Comment gère-t-on autant de personnalités sur un tournage? Il n’y a pas eu des querelles d’ego?

Franchement, j'ai eu la chance d'avoir des gens hyper disponibles, à part peut-être une qui a été plus chiante que les 31 autres mais je ne dirai pas qui! Tout le monde m’a dit oui tout de suite, même Zlatan! Tout le monde était heureux de faire partie de l'aventure! C'est quand même un grand rêve d'enfant de tous aller mettre des costumes d’irréductibles Gaulois ou de légionnaires romains! Même s’il y a eu des galères, c’était en général très excitant!

Même Zlatan connaît Astérix?

Oui, il connaissait les films précédents et il était hyper content de faire partie de l’aventure! Quand je lui ai proposé de faire le bras droit de César, il m'a répondu: «Mais comment César peut jouer le bras droit de César?» Et après il m'a demandé si je n'allais pas le payer avec un pass d’un an au Parc Astérix!

«Astérix et Obélix: L’Empire du Milieu». Sortie le 1er février au cinéma