Le Pacte mondial pour les migrations a suscité de vifs débats et nourri des peurs infondées dans l’opinion publique en Suisse mais également à l’étranger. Présenté parfois comme un accord qui remettrait en cause notre souveraineté nationale et qui ouvrirait grand les portes des pays signataires à des masses de migrants, il a nourri tous les fantasmes.
Mais qui a pris le temps de vraiment lire cet accord?
En tant que présidente d’Helvetas, organisation de développement active dans 29 pays du monde et impliquée dans les problématiques liées aux migrations, je me suis donné cette peine et n’ai pas trouvé d’éléments susceptibles d’attiser les peurs. Bien au contraire. Il s’agit d’offrir un cadre de coopération, juridiquement non contraignant, permettant aux États de faire face à la problématique de la migration. Ce texte vise à promouvoir la coopération bilatérale et régionale afin d’assurer la sécurité des États, des communautés et des migrants et à faciliter des mouvements transfrontaliers réguliers et sûrs. Il s’agit également de prévenir les migrations irrégulières, en offrant un cadre de discussion. Au Sri Lanka où Helvetas est active dans le domaine de la migration, ce pacte nous serait très utile pour entrer en négociation avec les autorités.
Refuser un tel pacte relève d’un malentendu. D’un côté, on veut que la Suisse puisse coopérer notamment avec des États africains sur la migration, de l’autre on méprise ces mêmes États en refusant de leur parler sur la base de ce pacte.
La peur n’est pas la meilleure conseillère en la matière et ce débat a cruellement manqué de faits objectifs. Espérons que ce texte, non contraignant mais facilitant la coopération internationale, soit signé un jour afin que cette problématique de la migration soit abordée avec toute la sérénité et l’humanité nécessaire.