Comme une ombre qui plane sur Beaulieu

INFRASTRUCTURES • Le Théâtre de Beaulieu a rouvert ses portes au public le week-end dernier. Symbole de renouveau du site, il n’occulte pas pour autant une affaire qui n’est pas encore tout à fait terminée.

  • DR

    DR

Coût de l’opération: 43 millions de francs. Cette somme représente ce qu’aura coûté la rénovation du Théâtre de Beaulieu. Une somme conséquente, mais nécessaire pour cette salle inaugurée en 1954 qui va rester le plus grand théâtre de Suisse. Lausanne a donc de quoi s’enorgueillir d’avoir réussi à mener à terme, et dans les délais, ce projet.

Petit rappel. C’est en 2017 que l’idée d’une rénovation de la salle est lancée. Beaulieu vit alors des heures difficiles. Au terme d’un audit du Contrôle cantonal des finances, Lausanne et le Canton de Vaud dénoncent une «situation critique». En cause, les méthodes de comptabilité qualifiées de douteuses pratiquées par la fondation Beaulieu qui gère le site et par son secrétaire général Marc Porchet qui est soupçonné de conflit d’intérêts et de surfacturation. Plainte pénale est déposée contre lui, mais deux ans plus tard, en juillet 2019, la justice le blanchit. Le résultat fait hurler les autorités qui se disent convaincues que l’enquête n’a pas été poussée assez loin. Le Tribunal cantonal finit par l’admettre. Il la réanime. C’est dans ce contexte polémique que la Ville de Lausanne reprend alors le site en main, afin de lui donner une orientation axée sur le sport, la santé et la formation. Même si la marque la plus importante de son renouveau en cours, la plus symbolique en tous cas, c’est aujourd’hui sans conteste la rénovation de son théâtre.

Jugement attendu

Aujourd’hui, c’est donc chose faite. Tout le monde applaudit des deux mains, notamment la classe politique qui, dans sa grande majorité, et après avoir refusé la nomination d’une Commission d’enquête sur le fiasco Beaulieu, a approuvé en mai dernier les conclusions du rapport de la Commission de gestion du Grand Conseil qui concluait qu’il n’y avait eu «ni scandale ni malversations sur l’argent cantonal» dans cette affaire, mais une «gouvernance floue» et clairement «perfectible». Autrement dit que les quelque 100 millions perdus par les communes vaudoises à cette occasion, c’était la faute à personne. L’honneur est sauf. Pour tous ceux qui, de près ou de loin, ont participé à cette gouvernance. Mais pas – encore? – pour Marc Porchet, considéré par certains comme le fusible de cette affaire, et qui devrait être très prochainement fixé sur son sort en jugement de deuxième instance. D’ici là, malgré les réjouissances liées à la réouverture de son théâtre, son ombre continue de planer sur Beaulieu.