Coup de coeur: le Grand Conseil s'engage enfin pour le M2

Le 25 janvier dernier, dans les travées du Grand Conseil vaudois. Le diable est arrivé par surprise, sous la forme d’un vote concernant un postulat du député Jean-François Cachin, juste à l’issue du grand débat sur la construction du m3 jusqu’à la Blécherette et le forage d’un nouveau tube pour le m2 entre la gare CFF et le Flon.

Le diable se cache dans les détails, a-t-on coutume de dire. Autrement dit, il s’immisce parfois sans prévenir, là où on ne l’attend pas, en renvoyant l’image d’un être maléfique qui viendrait semer la zizanie de manière discrète, en agissant justement sur certains détails ou sujets qu’on veut éviter d’aborder ou dont on veut se débarrasser. Ça a été un peu le cas le 25 janvier dernier, dans les travées du Grand Conseil vaudois. Le diable est arrivé par surprise, sous la forme d’un vote concernant un postulat du député Jean-François Cachin, juste à l’issue du grand débat sur la construction du m3 jusqu’à la Blécherette et le forage d’un nouveau tube pour le m2 entre la gare CFF et le Flon. Sujet d’importance s’il en est, pour lequel les députés ont approuvé plusieurs crédits d’investissements ainsi qu’une garantie d’emprunt pour un montant total de 320 millions de francs, afin d’affiner les études et de creuser ce deuxième tunnel au centre-ville de Lausanne.

De quoi satisfaire donc pleinement la ministre en charge des Infrastructures du Canton, Nuria Gorrite, qui s’est beaucoup investie à ce sujet. Sauf qu’elle ne s’attendait certainement pas à ce qui allait suivre, soit un autre vote sur un sujet finalement tout aussi important, mais contre lequel elle a toujours refusé d’entrer en matière, celui de la prolongation du m2 jusqu’au Chalet-à-Gobet, ressassant depuis des années inlassablement la même rengaine: «Ce sujet a déjà fait l’objet d’une analyse approfondie de la part des services de l’Etat qui concluent que le prolongement de cette infrastructure dans cette zone peu dense en termes d’emplois et d’habitants ne se justifie pas pour l’heure». Une explication pour le moins curieuse, les années passant, alors que «l’analyse approfondie» évoquée à chaque fois que quelqu’un reparlait du sujet date de… 2013! Soit d’il y a presque dix ans, et alors qu’il suffit de se rendre dans la zone concernée pour constater à quel point, au-delà de tout calcul politique et financier, celle-ci s’est développée ces dernières années…

Ces mutations n’ont en tous cas pas échappé au député Jean-François Cachin qui, le 5 octobre dernier, déposait un postulat intitulé «N’oublions pas la prolongation du métro m2», nouvelle demande faite au Conseil d’Etat «de fournir un rapport au Grand Conseil sur la nécessité ( …) de prolonger le métro, incluant la création d’un P+R pouvant recevoir un nombre important de véhicules.» Allait-il, comme le précédent, déposé en 2013 sur le même sujet, et d’autres, subir un sort identique et finir au fond d’une poubelle? On aurait pu le croire puisque la Commission chargée de le traiter recommandait une nouvelle fois aux députés de ne pas le prendre en considération. Bis repetita. Sauf que cette fois, une majorité d’entre eux ne l’a pas entendu de cette oreille, acceptant finalement, à une voix près, de demander au Conseil d’Etat de leur fournir un nouveau rapport sur la possibilité effective de prolonger le métro. Cela ne signifie bien sûr pas que ce tronçon sera bel et bien érigé, même si sa construction s’inscrit pourtant, et c’est paradoxal, parfaitement dans la logique de développement des transports publics défendue par le Canton pour atteindre les objectifs du Plan climat. Mais au moins une majorité de députés aura-t-elle enfin sonné l’heure de la révolte, en poussant le Conseil d’Etat à sortir de sa léthargie à ce sujet, et en lui donnant l’ordre d’actualiser ses données concernant l’évolution de la situation démographique et économique dans la région d’Epalinges et du Chalet-à-Gobet. A saluer! Philippe Kottelat