Femme, j’écris ton nom…

Il y a quelques jours, une plaque commémorative en hommage à la romancière, journaliste et traductrice Anne Cuneo, disparue en 2015, a été inaugurée sur le mur entourant la terrasse du café Le Barbare, sur les hauts des Escaliers du Marché.

EGALITE • Bien que représentant un peu plus de 50% de la population suisse, les femmes restent sous-représentées dans les lieux publics. Les rues, comme les places, nommées de ce pays en l’honneur d’une femme sont très largement minoritaires. C’est pourquoi les initiatives locales en faveur d’une plus grande féminisation des lieux publics se multiplient. A Lausanne, une stratégie de visibilisation des femmes a ainsi été lancée par la Ville il y environ 2 ans. Elle a pour objectif de les réhabiliter dans l’histoire, d’où elles ont été écartées et, en même temps, dans l’espace public où les traces de leurs contributions ne sont que peu, voire pas du tout visibles. A ce titre, la capitale vaudoise est du reste un bon – ou selon l’angle un mauvais - exemple. La ville compte 691 rues, dont 109 mettent en valeur des personnalités. Seules sept d’entre elles, en comptant les rues du futur écoquartier des Plaines-du-Loup, célèbrent des femmes. D’où l’objectif que s’est fixé la Municipalité, d’ici la fin de la législature en cours, de nommer ou renommer trente rues et espaces publics de noms féminins.

Ce vœu se concrétise petit à petit. Il y a quelques jours, une plaque commémorative en hommage à la romancière, journaliste et traductrice Anne Cuneo, disparue en 2015, a été inaugurée sur le mur entourant la terrasse du café Le Barbare, sur les hauts des Escaliers du Marché. Anne Cunéo «a mis Lausanne en lumière dans ses livres et fait rayonner la ville par-delà les frontières. Il était important de l’honorer et de nous assurer que Lausanne garde pour toujours la trace de sa présence», a expliqué la municipale Florence Germond à cette occasion. D’ici la fin de l’été, c’est la placette Pré-du-Marché, récemment transformée et agrandie, qui deviendra la place Aloïse Corbaz, figure emblématique de l’Art brut, morte en 1964, qui a vécu son enfance à la rue du Petit-Rocher, à quelques pas de l’actuelle petite place, qui va donc porter son nom, alors que le nom de la rue qui y conduit ne sera pas modifié. Une habile décision qui vise à ne pas faire oublier le passé de la ville tout en construisant son futur en y incluant les femmes qui l’ont aussi façonnée et fait connaître de diverses manières.

Ces actions peuvent paraître anodines. Mais, même s’il est vrai qu’elles ne font pas avancer fondamentalement la cause des femmes, elles ont toutefois une portée symbolique majeure au regard de l’histoire et de l’évolution de notre société. Pour le reste, redonner leur vraie place aux femmes, on le sait, c’est d’abord aller au-delà des clichés et s’attaquer aux racines du problème. Un combat qui doit commencer dès le plus jeune âge, notamment à travers l’éducation, en faisant bouger les mentalités et en corrigeant en particulier les comportements paternalistes et avilissants que d’aucuns tolèrent encore trop souvent.