C’est un débat récurrent, relancé ces derniers temps à la suite de l’aboutissement de l’initiative cantonale pour des transports publics gratuits, déposée mi-janvier et munie de quelque 17’000 signatures. Le débat est ainsi relancé. Et c’est tant mieux! L’initiative ayant abouti, le texte va être transmis au Grand Conseil pour une recommandation de vote, négative sans doute, mais avec la possibilité d’un contre-projet et la certitude qu’il sera finalement soumis au peuple.
En attendant, beaucoup s’expriment aujourd’hui à ce sujet par le biais de courriers de lecteurs dans les journaux, dans lesquels des idées intéressantes se font jour pour faire avancer la problématique. Celle qui revient le plus souvent, et qui pourrait faire l’objet d’un contre-projet particulièrement favorable aux retraités, serait d’octroyer la gratuité pour les plus de 65 ans. Elle a été lancée par l’ancien député UDC François Brélaz. Elle titille aussi d’autres élus, comme le syndic de Lausanne, Grégoire Junod, qui en avait fait part dans les colonnes du journal Le Temps au printemps dernier.
Si cette proposition a de quoi séduire, elle n’apparaît toutefois que comme une demi-mesure. Pourquoi? Parce que la logique veut que les premiers concernés par la gratuité devraient d’abord être les actifs, soit ceux qui se déplacent chaque jour en voiture pour aller au travail. Octroyer la gratuité aux seuls retraités serait une juste mesure sociale, mais elle n’aurait quasiment aucune conséquence en termes de sauvegarde du climat. D’où l’intérêt d’une autre proposition, émanant de l’ancien conseiller national Pierre Aguet, membre du PS depuis soixante ans et de l’ATE depuis sa fondation, qui se dit au passage très déçu que ces deux institutions ne soutiennent pas l’initiative. Lui propose de rendre «gratuits» tous les transports publics vaudois aux citoyens qui payeraient une «vignette», c’est-à dire une carte annuelle de 50 francs, un peu à l’image de la vignette auto que nous payons chaque année.
Entre la gratuité totale qui hérisse une majorité de parlementaires et une contribution somme toute minime pour l’obtenir, et qui réduirait de plus le coût de l’opération pour le Canton, voilà une proposition de «juste milieu», un compromis bien helvétique qui pourrait en séduire plus d’un. Quel politicien, ou quel parti, aura le courage de la mettre sur la table, peut-être comme contre-projet? Ça, c’est une autre question.