Les dindons de la farce, c’est nous!

FISCALITE • La droite et l’Alliance de gauche vaudoises ont déclaré la guerre des impôts. Chacune à sa manière avec, enfin, une proposition digne de ce nom pour les atténuer un peu.

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C’était, souvenez-vous, le 10 mai dernier. Suite aux élections cantonales qui avaient vu la droite reprendre le pouvoir au Conseil d’Etat et le conserver au Grand Conseil, les députés acceptaient une motion demandant de baisser de cinq points les impôts dans le canton dès l’année prochaine. Aprement débattue en commission, le plénum avait fini pas l’accepter à l’issue du traditionnel match qui oppose la droite à la gauche quand les sujets à débattre sont chauds. Battue, la coalition de gauche s’y était en l’état opposée, car selon elle cette baisse n’allait bénéficier qu’aux hauts revenus.

Vrai ou faux? Quelques jours plus tard, nos confrères de 24 heures, aidés par des fiscalistes, s’adonnaient à quelques savants calculs en se demandant quelles retombées en espèces sonnantes et trébuchantes cette mesure allait vraiment avoir pour le citoyen lambda? Résultat des courses: des peanuts. Les projections établies ont clairement démontré qu’une majorité des contribuables, ceux qui gagnent annuellement jusqu’à 75’000 francs, verrait sa note diminuer de… 70 francs par an. Une somme totalement risible!

Saisissant la balle au bond, l’esprit revanchard donnant parfois des ailes, la gauche lançait alors une «contre-offensive» pour éviter une baisse fiscale qui ne bénéficierait donc qu’aux riches. Soit un rabais de 350 francs par adulte, 700 francs par couple marié et 150 francs par enfant à charge, avec une baisse rétroactive sur l’année 2021 pour que les Vaudois en ressentent les effets tout de suite. Menace à l’appui: si une baisse d’impôts ne profitant qu’à une petite minorité devait passer, elle n’hésiterait pas à lancer un référendum.

Ces dernières années, on a souvent évoqué des baisses d’impôts dans le canton. A part quelques mesurettes, on n’a jamais rien vu venir, notamment pour soulager la classe moyenne. Quand on sait ce que nous réserve la conjoncture, avec l’augmentation du prix des denrées alimentaires en raison de la guerre en Ukraine, celle du prix de l’essence, ou encore celle prévue des assurances-maladies, sans compter l’inflation qui menace, on ne peut donc que se réjouir de voir une proposition qui ressemble enfin à quelque chose de tangible. Cette proposition, le Canton a largement les moyens de la financer et il est grand temps de rendre un peu de pouvoir d'achat aux contribuables.

A l’heure où nombre de pays européens prennent des mesures diverses pour aider leur population à traverser cette période difficile, voilà donc une occasion à ne pas rater. Pour atténuer l’image d’enfer fiscal que traîne le canton de Vaud, à juste titre, et pour donner, une fois au moins, au contribuable le sentiment qu’il n’est pas toujours le dindon de la farce.