Plaines-du-Loup: il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser

ECOQUARTIER • Le futur écoquartier de la Blécherette accueille ses premiers habitants. La Municipalité jubile, mais les premières critiques se font jour.

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Le 10 août dernier, en plein cagnard, la Municipalité annonçait que les 200 premiers habitants de l’écoquartier des Plaines-du-Loup étaient en train de s’installer. Tout un symbole pour ce quartier, pierre angulaire du projet «Métamorphose» lancé il y a 15 ans. Et l’occasion rêvée pour le syndic Grégoire Junod de se réjouir de voir émerger ce morceau de ville. Ou, comme pour la municipale Natacha Litzistorf, de vanter un projet qui «répond aux défis climatiques.»

Pas très folichon

Ces appréciations semblent toutefois hâtives, tant le spectacle qu’offre l’endroit n’est pour l’heure pas très folichon. Une multitude de grues, des blocs de béton qui succèdent à d’autres blocs de béton, le tout formant une sorte de magma extrêmement dense, avec un parking circulaire si grand qu’on peut difficilement l’ignorer. «On aurait voulu construire un ghetto qu’on aurait difficilement pu faire mieux», estime un élu lausannois d’opposition qui préfère taire son nom. Avant d’ajouter, concernant le parking: «J’ai au moins appris une chose, c’est qu’un écoquartier ne cède pas au fantasme d’une ville sans voitures, comme le font certains à la Municipalité, mais est plutôt conçu comme un quartier sans voitures... apparentes!»

Ilots de chaleur

A cela s’ajoutent des critiques plus nuancées, à l’image de celles faites par Jérôme Chenal, directeur de la Communauté d’études pour l’aménagement du territoire à l’EPFL. «Sur le plan de l’environnement, ce quartier n’est pas d’actualité», dénonce-t-il dans 24 heures. «Ne s’est-on pas aperçu que des constructions densifiées constituent des îlots de chaleur?» Attaquée, la Ville continue de célébrer l’émergence d’un «projet exemplaire.» Pour en être sûr, il faudra sans doute attendre que la végétation investisse les lieux et donne un peu de couleurs à l’ensemble. Suffisamment pour «rendre la ville désirable» comme l’espère Natacha Litzistorf? Ça reste à voir. Pour l’heure, il n’y a en tous cas pas de quoi pavoiser.