Rives du lac: il faut en finir avec les privilèges!

Pourtant inscrit dans la constitution fédérale le caractère public des rives des lacs en Suisse est rarement appliqué. Et pour cause: les propriétaires de villas somptueuses ont su utiliser les subtilités de la loi...

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AMENAGEMENT • A qui appartiennent les rives des lacs de notre pays? La réponse est sans ambiguïté: à nous tous! Le principe est du reste inscrit dans la Constitution fédérale. Autrement dit, les 142 kilomètres des berges suisses du lac Léman relèvent du domaine public. Chacune et chacun d’entre nous devrait pouvoir les longer sans rencontrer aucun obstacle - treillis, barrières ou autres - pouvant nous en empêcher. Une utopie! Aujourd’hui seuls quelque 60 kilomètres des rives vaudoises du lac peuvent être parcourues sans encombre. Cela même si, de plus, une loi datant de 1926, la loi du Marchepied, fixe des règles légales explicites en la matière, précisant qu’un passage continu, aménagé et entretenu de deux mètres de large au moins doit être garanti.

Ce texte n’est toutefois pas appliqué. Pourquoi? Parce que cet espace libre était initialement réservé aux personnes qui exercent le halage des bateaux et en faveur des bateliers, comme marchepied pour les besoins de la navigation, ainsi que des pêcheurs pour l’exercice de la pêche. Les propriétaires des fonds riverains qui sont grevés de cette restriction peuvent s’opposer à ce que d’autres personnes en fassent usage et s’introduisent sur leurs propriétés, si elles n’y sont pas autorisées par la loi. Ce que les propriétaires des villas somptueuses, qui ont essaimé à divers endroits au bord du lac ont bien compris, n’hésitant pas à utiliser une cohorte d’avocats si nécessaire pour attaquer quiconque voudrait que cela change. Mais il y a pire encore: de nombreuses communes rechignent aussi à appliquer la loi et traînent les pieds, de peur de perdre de richissimes contribuables, donc des rentrées fiscales conséquentes. Et le Canton n’y peut rien: la mise en œuvre concrète du marchepied incombe aux communes et dépend de leur volonté et de leurs choix politiques!

Un homme se bat toutefois contre cet état de fait. Depuis de nombreuses années, Victor Von Wartburg en a fait un combat. Le combat de sa vie. Celui qu’on surnomme le «Franz Weber des rives» a multiplié les actions locales et cantonales. Il s’est fait un nom et a obtenu des résultats, mais insuffisants à ses yeux. Il va donc passer la vitesse supérieure en lançant une initiative fédérale pour faire respecter un cheminement public continu sur le pourtour des lacs suisses. Comme c’est le cas sur le territoire français du lac Léman. Une initiative à saluer pour balayer, une fois pour toutes, des privilèges d’un autre âge!