La pénurie de shampoing anti-poux suscite l’inquiétude dans les écoles lausannoises

SANTE • L’infestation de ces parasites dure depuis des mois à Lausanne. Un phénomène accentué par la pénurie de produits anti-poux en pharmacie. Les autorités scolaires tentent de dédramatiser la situation. Certains dénoncent cette désinvolture.

  • Difficiles à enlever, les poux n’occasionnent cependant pas de maladies chez les enfants. 123RF

    Difficiles à enlever, les poux n’occasionnent cependant pas de maladies chez les enfants. 123RF

«Les poux, c’est désagréable mais pas dangereux.» Tel est le slogan qui figure sur le prospectus officiel distribué dans les écoles par la Ville de Lausanne. Il compile des conseils pour les repérer dans les cheveux et la façon de les éradiquer. Ces minuscules parasites n’en finissent pas, cependant, de démanger de nombreuses têtes à Lausanne depuis la rentrée scolaire de l’an passé déjà. Si ce phénomène est cyclique, il a pris une ampleur considérable cet hiver en raison de la demande face à une pénurie totale de produits anti-poux en pharmacie. Impossible de se procurer shampoings spéciaux et autres lotions!

Stress lié au dégoût

Apothicaire à La Sarraz et vice-présidente de la Société vaudoise des pharmaciens, Claudia Wettstein confirme cette situation: «C’est dû à des problèmes d’approvisionnement par nos fournisseurs. Cela peut concerner aussi bien le manque d’une substance chimique pour fabriquer le produit que son emballage ou son flaconnage.» La problématique de la chaîne de production de divers médicaments est d’ailleurs désormais mondiale et risque de durer.

Quant aux poux que certains enfants ne cessent depuis des mois de ramener en classe ou de transmettre aux autres membres de leur famille de retour de l’école, ils n’émeuvent pas les autorités scolaires à Lausanne. Ces dernières refusent de parler d’épidémie: «Ça fait partie de façon chronique de la vie scolaire, il n’y a rien d’alarmant», rassure Béatrice Delanoy Ortega, cheffe du service lausannois de la santé et de la prévention. Il n’empêche: selon les scientifiques, une femelle poux peut pondre de huit à dix œufs par jour. Ces lentes se fixent alors fermement sur les racines du cuir chevelu. Ces parasites s’enlèvent difficilement et se transmettent facilement. S’ils se contentent de démanger, ils provoquent chez certaines personnes un malaise psychique et un grand stress lié au dégoût. Deux mères respectivement de trois et deux enfants disent avoir bataillé de nombreux mois avec pourtant des produits adéquats avant de venir à bout de la vermine.

Enseignante inquiète

«C’est une plaie surtout si c’est mal traité ou mal géré», témoigne une enseignante lausannoise qui se sent exposée lors d’une prolifération dans son école. Elle admet que ce n’est pas toujours un sujet d’inquiétude pour la majorité des enfants ni des profs. «Quand il y a une alerte aux poux, l’infirmière scolaire ne semble pas se mobiliser plus que ça. Il peut arriver que des mères se vexent quand on leur signale que la tête de leur enfant abrite une colonie.»

Si les infirmières passaient systématiquement dans chaque classe il y a vingt ans pour vérifier notamment les cheveux de tous les élèves, cela est révolu. La pratique consiste désormais à un passage dans la ou les salles concernées par des cas officiellement avérés afin d’avertir les enfants et leurs parents avec une remarque dans leur agenda. Pour cela, il faut d’abord que l’information soit remontée jusqu’à la direction de l’établissement, ce qui n’est pas toujours le cas. Tout repose sur le bon vouloir des parents et la confiance, alors que certains sont débordés à la maison ou n’ont pas les moyens financiers pour acheter les produits adéquats. Car un shampoing classique ne sert à rien. Notre enseignante témoigne qu’un élève infesté de poux a toutefois le droit de venir en classe. Quant à Béatrice Delanoy Ortega, elle n’encourage pas les parents à se rendre dans une clinique spécialisée dans l’éradication des poux. Selon elle, les tarifs y sont trop élevés pour un résultat que l’on peut obtenir avec des méthodes naturelles. Elle recommande aussi d’aller acheter des lotions et des shampoings spéciaux en France, qui ne subit pas de pénurie. La cheffe du service lausannois de la santé et de la prévention précise qu’il n’est pas nécessaire de laver les doudous et autres peluches ainsi que la literie ou les tapis. Un poux meurt en 48 heures hors du cuir chevelu. Frédéric Nejad Toulami