Chronique: "Ecole, halte au formatage des enfants!"

Intellectuelle déterminée, et parfois efficace, la Conseillère d’Etat Cesla Amarelle a oublié que son rôle n’était pas celui d’une militante.

«Je reste sans voix. C’est un pied de nez aux enseignants qui se sont déjà engagés et à la jeunesse qui attendait des réponses de son institution.» Le propos, courroucé, est celui tenu par la Conseillère d’Etat Cesla Amarelle, le 17 novembre dernier. En deuxième débat, le Grand Conseil vaudois venait de refuser d’accorder un crédit de sept millions de francs issus du Plan climat cantonal pour financer des projets pédagogiques et des nouveaux moyens d’enseignement «verts» au sein de l’École vaudoise. A une large majorité: 74 voix contre 51 et 13 abstentions! La Conseillère d’Etat s’était alors défendue «de faire du militantisme ou de la rééducation» en défendant ce projet, ce que lui reprochaient une majorité de députés, mais «d’avoir le sens des responsabilités envers les jeunes générations.»

A quoi sert l’école? Nous y allons en moyenne dès l’âge de 3-4 ans, nous y passons au moins une quinzaine d’années, voire beaucoup plus pour ceux qui poursuivent avec de longues études et, devenus adultes et parents, nous y mettons nos enfants. Pourquoi? La réponse est somme toute assez simple. Pour plein de raisons! Entre autres, apprendre à lire, à écrire, à compter, mais aussi à réfléchir, à respecter les règles ou encore à expérimenter la vie en communauté, le «vivre-ensemble». Une mission générale qui s’applique à toutes les écoles, mais plus spécifiquement aux écoles publiques, soit à la majorité de celles qu’on trouve en Suisse. Dans ce cadre, l’école ne doit donc pas être un lieu dans lequel, insidieusement ou non, le prosélytisme politique trouve sa place. Ce que précise du reste l’article 45 de la Constitution vaudoise. Sensibiliser la jeunesse à la réalité climatique est une bonne chose. Mais ce qui est dans l’air du temps ne doit en aucun cas servir d’argument pour colorer un enseignement, quelqu’il soit.

Le projet défendu le 17 novembre dernier par Cesla Amarelle était mal ficelé. Une majorité de députés n’en a pas voulu, et le lui a dit de manière très claire. Intellectuelle déterminée, et parfois efficace, la Conseillère d’Etat s’est «plantée» sur ce coup, oubliant que son rôle n’était pas celui d’une militante. Sur son carnet, on pourrait écrire: s’est donnée de la peine et en a! De quoi en tous cas remettre l’ouvrage sur le métier, en n’oubliant pas, cette fois, que l’école est un territoire neutre qui sert à former et non à formater.