Prolonger le m2 jusqu'au Chalet-à-Gobet? Une occasion ratée!

Pour notre chroniqueur Philippe Kottelat, la conseillère d'Etat Nuria Gorrite, en n'entrant pas en matière sur un éventuel prolongement du métro m2 jusqu’au Chalet-à-Gobet commet un véritable erreur de jugement.

Dans le canton de Vaud, la mise en place d’une mobilité douce et efficace est l’une des préoccupations majeures de l’Etat. Et force est de constater que le Département des Infrastructures qui en est en charge a mis les bouchées doubles ces dernières années pour la mener à bien. Notamment depuis que la conseillère d’Etat Nuria Gorrite en a pris la responsabilité. Les résultats sont au rendez-vous. La mise en place d’un RER vaudois de concert avec les CFF, la mise en place des «Axes forts» avec le LEB et son futur nouveau tunnel, le m2, le futur m3 ou encore le démarrage du tramway Lausanne-Renens n’en sont que quelques exemples. Le but poursuivi étant de proposer aux Vaudois un réseau intégré, connecté et performant.

Pour arriver à ce résultat, le parcours a parfois été rude, mais sans faute majeure. En tous cas jusqu’au 13 octobre dernier, date de la réponse faite par la conseillère d’Etat au postulat du député PLR Jean-François Cachin. Que demandait ce dernier? Arguant de l’urgence climatique, tout simplement de reprendre les études sur le prolongement du métro m2 jusqu’au Chalet-à-Gobet, où la dernière station de celui-ci, aboutissant à la hauteur du parking proche du Centre sportif, pourrait accueillir un P+R «avec des prix attrayants» pour accueillir les véhicules en provenance de la Broye. En 2010 déjà, le même Jean-François Cachin, associé à l’ancien député et aujourd’hui syndic d’Épalinges Alain Monod, avait fait cette même demande. Dans les deux cas, à deux ans d’écart, elles ont été rejetées, Nuria Gorrite expliquant qu’une étude à ce sujet avait déjà été menée et avait conclu que les conditions n’étaient pas remplies pour le faire. Deux ans plus tard, à ses yeux, elles n’ont donc pas changé.

Une singulière erreur de jugement! Depuis deux ans, de nombreux projets immobiliers sont en cours, ou en devenir, sur les hauts de la capitale vaudoise, que ce soit à Epalinges ou dans les «zones foraines» de Lausanne, sans parler des travaux en cours à l’Ecole hôtelière qui vit pour sa part une révolution architecturale avec la construction d’un gigantesque campus. «La densité d’habitants-emplois à la hauteur du Chalet-à-Gobet est très largement insuffisante», s’est défendue Nuria Gorrite dans une interview donnée à nos confrères de 24 Heures.

Hier sans doute, aujourd’hui peut-être encore, mais demain? Sa réponse fait curieusement écho à celle que faisaient nombre de députés peu clairvoyants à celles et ceux qui, avant la construction du m2, souhaitaient que celui-ci aille jusqu’à Epalinges et ne s’arrête pas définitivement à La Sallaz comme les premiers le voulaient. «Là-haut, disaient-ils sûrs de leur science, y a rien!» On connaît la suite!

Mais il n’y a pas que cela. Nuria Gorrite oublie que les hauts de Lausanne, c’est aussi, et de manière clairement affirmée par ses élus municipaux, la zone verte de la capitale vaudoise. Sa zone sportive et de détente, avec de nombreuses infrastructures à disposition qui attirent, et pas seulement le week-end, un monde considérable. A terme, ce sera aussi le point de départ du futur Parc naturel du Jorat. Toute une série d’activités donc qui amènent du monde et génèrent, en l’état, sept jours sur sept , un va-et-vient automobile incessant. Comment l’empêcher si ce n’est en mettant en place une solution de mobilité douce et efficace, ce qu’est le m2, comme le propose le postulat Cachin?

Alors oui, cela a un coût. Et il faut, c’est vrai, avoir un dossier-béton si l’on veut obtenir un cofinancement de la Confédération pour développer un tel projet. Mais il faut aussi en avoir la volonté. Ce qui n’est aujourd’hui clairement pas le cas de la conseillère d’Etat. Dommage! Car en l’état, la route de Berne, même «requalifiée», continuera d’être un des points noirs majeurs du trafic routier vaudois, avec son lot de nuisances au quotidien. Une belle occasion ratée, surtout quand on sait que la moitié des usagers du m2 viennent déjà de l’extérieur de l’agglomération lausannoise.