Transports publics gratuits: ceux qui font... et les autres!

Au-delà des prises de têtes et d’argumentaires sans fin qui sont autant d’éléments bloquants, et choquants, venant d’éternels donneurs de leçons en matière climatique, si l’on veut vraiment que les gens abandonnent leur voiture et prennent les transports publics, il faut juste leur en donner les moyens. 

Faut-il rendre les transports en commun gratuits ? La question est récurrente. Dans le canton de Vaud, au terme d’un débat fleuve, le Parlement en a rejeté l’idée l’année dernière. A une large majorité, ce qui n’a pas eu pour effet de calmer les ardeurs de celles et ceux qui la soutiennent. Au début de ce mois, la question a refait surface grâce à un Comité d’organisation et de partis de gauche qui a annoncé le lancement d’une initiative populaire dont la récolte des signatures est toujours en cours. Le sujet est donc relancé. A l’instar d’autres cantons du reste.

Alors qu’en Suisse, on se tâte, on tergiverse, on blablate, à l’étranger on va de l’avant, résolument! Deux exemples révélateurs. D’abord celui de la Communauté urbaine de Dunkerque, en France, 200’000 habitants, soit une situation similaire à l’agglomération lausannoise. En septembre 2018, elle décrétait la gratuité du réseau pour tous! Depuis sa mise en place, la fréquentation des bus a bondi de 65 % en semaine et de 125 % le week-end, alors que le nombre de nouveaux usagers a été de l’ordre de 50 %, dont 48 % sont des retraités ou des cadres qui ont abandonné la voiture. Ceci, sans compter que cette mesure a eu d’importants effets au niveau social. Deuxième exemple, celui du Luxembourg, 610’000 habitants, presque le canton de Vaud. Depuis le 1er mars de l’année dernière, fini les abonnements et autres tickets. Le réseau est gratuit. C’est une première mondiale à l’échelle d’un pays.

Les arguments à la clé de ce choix sont partout les mêmes: le nécessaire désengorgement du trafic routier, la volonté de diminuer les émissions carbone, donc de baisser la pollution, tout en améliorant le pouvoir d’achat des ménages. Ce que défend en somme le Comité d’initiative vaudois qui estime que le contexte actuel est favorable, l’urgence climatique étant largement partagée au sein de la population. Ce qui est vrai! Mais on tombe des nues quand on voit ce que nos élus en font. L’année dernière, l’idée de cette gratuité a été rejetée par quasiment tous les partis, dont le PLR, mais aussi les socialistes et… les Verts! Venant du PLR, ça n’a pas été une surprise. Proche du lobby automobile, il ne se pare de vert que quand les élections approchent. Mais du côté socialiste, et surtout chez les Verts … incompréhensible! Fausse bonne idée, ont expliqué ces derniers, des coûts engendrés énormes, une mesure qui n’est pas aussi efficace que cela, un risque de voir la fiscalité augmenter, etc …

A Dunkerque et au Luxembourg, les politiques se sont unis autour d’une volonté commune liée à l’avenir de la planète. Ils ont été cohérents et ils ont débloqué l’argent nécessaire. Sans qu’il n’y ait eu, in fine, aucune augmentation d’impôts! Ils ont tout simplement fait un choix politique d’affectation des ressources publiques en tenant compte des vrais défis de demain. Si l’on veut vraiment que les gens abandonnent leur voiture et prennent les transports publics, il faut juste leur en donner les moyens. Au-delà des prises de têtes et d’argumentaires sans fin qui sont autant d’éléments bloquants, et choquants, venant d’éternels donneurs de leçons en matière climatique qui feraient donc mieux d’agir avec un petit peu plus de clairvoyance et de courage! Après l’échec de la loi CO2, ils en ressortiraient grandis… et un peu plus crédibles!