La vague verte rattrapée par la réalité du marché, l'éditorial de Fabio Bonavita

A Lausanne, les épiceries en vrac ferment les unes après les autres, les friperies sont en mode survie et les boutiques bio voient leur chiffre d’affaires s’effondrer.

Ce qui devait être l’avènement de l’homo ecologicus n’aura finalement été qu’un simple feu de paille. Et la pandémie, une éphémère parenthèse durant laquelle les consommateurs avaient le temps de faire leurs emplettes dans l’épicerie en vrac ou la friperie de leur quartier. Une image d’Epinal truffée de bonne conscience qui semblait plutôt séduisante sur le papier. Car elle augurait d’autres possibles: la juste rétribution des agriculteurs vaudois, la fin du gaspillage et le développement d’une économie circulaire locale.

Mais en matière de consommation, c’est la demande qui fait la loi. Si certains ont eu tendance à l’oublier, la réalité du marché est venue le leur rappeler avec une certaine brutalité. A Lausanne, les épiceries en vrac ferment les unes après les autres, les friperies sont en mode survie et les boutiques bio voient leur chiffre d’affaires s’effondrer. Une bérézina couronnée par la fermeture annoncée des deux points de vente de Prométerre à la rue de Genève et à la Croix d’Ouchy.

Les explications de cet échec généralisé sont multiples. Il y a évidemment le retour de l’inflation qui plombe le budget des ménages et qui fait souvent passer le prix des produits avant les considérations écologiques. Ensuite, la puissance des grandes surfaces et du commerce en ligne qui permettent de centraliser ses achats et donc de gagner un temps précieux. Enfin, la surestimation d’une tendance, dopée par les nombreux reportages médiatiques, qui a poussé certains entrepreneurs à se lancer corps et âme dans ce qu’ils pensaient être un nouvel eldorado. Alors qu’il ne s’agissait, en fait, que d’un miroir aux alouettes...