Condescendant et fallacieux

Le contre-projet voulant unifier les procédures pour l'accès à l'AS (*) en EMS et à hôpital met le patient sous tutelle en limitant le choix et l'autodétermination du mourant. Ce contre-projet compliqué et étatique favorisa l'acharnement palliatif en bafouant le non respect de notre liberté de choix.Deux points sont inacceptables. Le premier est l'établissement de la capacité de discernement.Une fois un dossier complet déposé et la volonté réitérée du mourant d'en finir, la capacité de discernement devra être évaluée. Il est normal que cette évaluation se fasse avec sérieux, mais dans le contre-projet proposé elle sera construite par l'avis d'une multitude de personnes, c'est-à-dire l'unité des soignants, des médecins ou encore de la famille. Confier à une nombreuse équipe soignante et médicale le pouvoir de statuer sur la recevabilité d'une demande et faire dépendre la réalisation d'une AS sur leur capacité à établir un consensus deviendra le principal obstacle au choix des patients et nous ne pouvons écarter qu'un de ses membres, pour des motifs divers, ne puisse avoir le recul nécessaire pour statuer.Le médecin traitant devrait pouvoir être seul responsable et capable d'émettre un avis et il pourrait solliciter l'avis consultatif de l'équipe soignante. Ensuite le mourant pourra se faire imposer un retour à domicile lorsque celui-ci en possède un et que l'établissement où il réside n'a pas vocation d'EMS.Une personne en fin de vie qui souhaite s'en aller n'a plus, parfois, la capacité de déglutir et pour que la loi soit respectée le dernier geste doit être fait par le mourant, c'est-à-dire qu'il puisse boire. En le faisant rentrer chez lui, débarrassé de sa voie veineuse pour le retour, ce type de patient ne peut ingurgiter le médicament létal et se retrouve ainsi piégé dans sa souffrance.En réalité, ce contre-projet qui semble favorable au respect de l'autodétermination des patients, ne changera rien et a contrario va empirer la situation actuelle face aux blocages que nous connaissons déjà. Il est donc primordial de rejeter le contre-projet qui vise, en fait, à réduire gravement la possibilité d'une AS en EMS, puisque le mourant se trouvant en milieu hospitalier pourra toujours retourner chez lui, même dans des conditions catastrophiques pour lui ou sa famille. Privilégions l'initiative Exit qui donne de vrais droits à nos aînés sans les infantiliser.

(*) assistance de fin de vie