Dans le Jorat, la résistance s'organise

EOLIENNES • La résistance s'organise contre la volonté de la société Alpiq et de la Ville de Lausanne de construire un parc éolien dans le Jorat. Après la création d'une association regroupant les habitants du sud de la zone concernée, c'est au tour de ceux du nord d'entrer dans la danse. Avec une volonté commune: s'opposer à un projet qui va «défigurer» les Bois du Jorat.

  • Un grand nombre d'habitants du Jorat ne veulent pas d'éolienne à proximité de leur village.

    Un grand nombre d'habitants du Jorat ne veulent pas d'éolienne à proximité de leur village.

«Nous ne sommes pas des Neinsager et nous ne sommes pas contre la construction d'éoliennes, mais pas n'importe où, là où elles sont rentables et où les habitants n'en font pas les frais». Les propos sont ceux de Jean-Luc Tappy. Cet habitant de Peney-le-Jorat, entouré par un petit groupe d'habitants du village, est à l'origine de la création de l'association «Queduvent» à la fin du mois d'avril dernier. Elle entend s'opposer au projet Eoljorat Nord qui vise à la construction d'éoliennes dans le secteur qui regroupe les localités de Corcelles-le-Jorat, Poliez-Pittet, Villars-Tiercelin, Froideville et Peney-le-Jorat. Elle vient de se doter d'un site internet et regroupe aujourd'hui une centaine d'adhérents.

Un réveil tardif

«Notre réveil a été quelque peu tardif, reconnaît Jean-Luc Tappy. Mais nous sommes aujourd'hui bien décidés à faire entendre notre voix sur un projet qui a péché par son manque de communication et de concertation». Ce projet, né à l'automne 2010 de la volonté de la société Alpiq et de Romande Energie, prévoit la construction de 13 éoliennes, dont 5 sur la zone nord du Jorat. Les turbines devraient être installées sur des mâts de 135 mètres destinés à capter les vents forts et réguliers qui balaient la région. Selon les modules, la hauteur des éoliennes pourraient toutefois atteindre 185 à 198 mètres. «On nous a expliqué que l'impact sur la flore et sur la faune serait minimal et que les éoliennes ne seraient pas érigées en un seul endroit, mais «fondues» dans le paysage, explique Jean-Luc Tappy. Peut-être, mais les autres inconvénients ont été passés sous silence». Et d'énumérer le bruit engendré, la décote prévisible des terrains de l'ensemble de la commune où les éoliennes seraient installées de même que la perte immobilière que pourraient subir les maisons ou autres constructions situées à proximité. Sans oublier l'impact visuel lié à la construction de «monstres» de près de 200 mètres qui modifieraient complètement le paysage. «En ce qui me concerne, c'est le point que me parle le plus», note pour sa part Esther Reymondin, l'une des premières opposantes au projet dans la localité voisine de Peney-le-Jorat. «Je ne serai pas directement concernée par la construction d'une éolienne sur le territoire de ma commune, mais je milite pour la sauvegarde globale d'un patrimoine qu'il convient de ne pas défigurer. Car si on commence à miter les Bois du Jorat, c'en est fini de cette région».

Au-delà des normes légales

«Nous sommes sensibles aux craintes émises par une partie de la population, explique pour sa part Christel Varone. C'est pourquoi nous avons multiplié les séances d'information et que nous avons travaillé main dans la main avec les Municipalités concernées». La porte-parole du groupe Alpiq tient également à préciser que le projet présenté ne vise qu'à l'installation d'une seule éolienne par commune et qu'il va bien au-delà des normes légales en matière de nuisance. Des explications qui ne convainquent pas les opposants qui entendent poursuivre leur combat avec, au programme, une prise de contact avec les Municipalités et une nouvelle séance d'information publique destinées aux habitants du secteur.