Le référendum est lancé

NOUVEAU PARLEMENT • Détruit par les flammes il y a 10 ans, le parlement cantonal doit être remplacé par un nouveau projet architectural qui, s'il a fait l'unanimité au Grand conseil, suscite aujourd'hui de nombreuses réticences. Un comité référendaire interpartis a lancé un référendum contre un édifice dont le toit menacerait la cohérence architecturale de la cité.

  • Un toit à la «Dark Vador»?

«On avait un véritable petit bijou de l'architecture néoclassique, qui abritait le premier parlement démocratique de l'histoire suisse. On va se retrouver avec quelque chose qui n'a pas de sens sur le plan architectural et qui va défigurer la silhouette de la ville. Ce que l'on s'apprête à faire est un véritable gâchis».Pour Pierre-Antoine Hildbrand, élu libéral-radical au Conseil communal de Lausanne, la situation est suffisamment grave pour dégainer l'arme du référendum. En cause, la toiture du futur siège du parlement cantonal vaudois, appelée à bientôt sortir de terre. Pyramidale, de couleur grise, avec des rabats sur les fenêtres celle-ci revêt une vague allure de casque à la «Dark Vador», qui promet en effet de trancher singulièrement avec la skyline de la ville.Et l'élu d'enfoncer le clou: «Un toit qui retombe sur les fenêtres et qui bouche l'horizon, franchement on pourrait trouver mieux sur le plan symbolique pour un parlement! Je ne suis pas conservateur sur le plan architectural, mais la cité historique de Lausanne n'occupe que 1% du territoire communal, alors on peut tout de même le protéger! Quand on pense au ratage de la place de la Palud, on se dit que Lausanne a assez souffert!»

12'000 signatures

Résultat: sitôt le décret accordant un crédit d'ouvrage destiné à financer la reconstruction du parlement adopté, l'homme décide de lancer un référendum. Un référendum cantonal dont le délai court jusqu'au 8 août prochain et qui impose de réunir 12'000 signatures. Parmi les membres du comité référendaire, on retrouve de nombreuses personnalités vaudoises de tous horizons et de tous bords politiques, dont un certain... Claude-Alain Voiblet, élu UDC, un des trois seuls députés à s'être opposé au projet au Grand Conseil.«Je n'ai rien contre le projet en tant que tel, précise-t-il. Mais objectivement, je ne comprends pas que l'on puisse insérer ce toit entre le château et la cathédrale. Je suis prêt à beaucoup de concessions, mais je suis aussi très sensible au patrimoine bâti! »Comment expliquer que face à une telle incongruité architecturale, le parlement se soit prononcé quasiment comme un seul homme pour l'actuel projet, dénommé «Rosebud»? En premier lieu, ses qualités environnementales, puisqu'il répond aux plus récentes normes en termes de développement durable. Mais aussi, avouent en catimini de nombreux parlementaires, en raison d'un intense lobbying mené en sa faveur par de nombreux députés, chefs de groupes et anciens présidents du Grand conseil.

Autres villes

«Pour l'instant, nous avons réuni un bon millier de signatures, se réjouit Pierre-Antoine Hildbrand. Il y a quelques jours en deux heures et demi, notre stand au marché a récolté plus de 530 signatures. Dès qu'on leur explique de quoi il s'agit, les gens n'hésitent pas à donner leur paraphe, ils se sentent concernés car c'est de leur ville qu'il s'agit. Même Lova Golovchiner nous a soutenus avec enthousiasme!» Et de conclure: «Nous serons tous les samedis sur notre stand à la Palud, avant d'élargir notre récolte, car nous espérons que les Vaudois des autres villes vont également se sentir concernés. Après tout, il s'agit de leur parlement cantonal».