L'aide sociale a explosé en 2011

LAUSANNE • Le nombre de bénéficiaires du revenu d'insertion a augmenté de 13% entre 2010 et 2011. Un record dans toute l'histoire de l'aide sociale dans la capitale vaudoise.

  • De nombreux jeunes n'arrivent pas à joindre les deux bouts.

Pour un record c'est un record. Du jamais vu même dans l'histoire de l'aide sociale à Lausanne. En 2011 en effet, le nombre d'allocataires du revenu d'insertion, le fameux RI, a crû de... 13% en ville de Lausanne, soit en chiffres absolus, environ 400 ménages au total. «Nous observons depuis une vingtaine d'années une tendance lourde à l'augmentation du recours à l'aide sociale, constate Michel Cornut, chef du service social de la ville de Lausanne. Mais 2011 a vraiment été une année tout à fait à part!».

Choc violent

Clairement en cause dans ce phénomène inquiétant, «un choc violent» selon les propres termes de Michel Cornut, l'entrée en vigueur de la nouvelle mouture de la loi fédérale sur l'assurance-chômage, il y a un peu plus d'une année, en avril 2011. Adopté par le peuple, le durcissement prévu par la nouvelle loi s'est traduit dans la réalité par un transfert de charges de l'assurance-chomage vers les communes et les cantons qui, au niveau suisse, ont dû débourser la coquette somme de 150 millions de francs.A cela, il faut également ajouter le fait que Vaud, avec Genève d'ailleurs, était l'un des seuls cantons où les bénéficiaires d'une indemnisation-chômage pouvaient en bénéficier jusqu'à 520 jours, une disposition abrogée par la nouvelle loi. Dès septembre dernier, le Municipal Osacar Tosato constatait ainsi, la mort dans l'âme, dans les colonnes du quotidien La Liberté: «La révision de la LACI produit les effets dévastateurs annoncés au moment de la votation!»Résultat: un peu partout, le nombre des allocataires du revenu d'insertion a augmenté, Lausanne étant loin d'être une exception, puisque l'ensemble du canton de Vaud, selon le dernier rapport de la Commission de gestion du Grand Conseil a vu les demandes croître de 10% entre 2010 et 2011.

Crises économiques

«Depuis 20 ans, nous subissons des crises économiques à répétition, avance, comme autre facteur explicatif, Michel Cornut. Et à chaque fois, une petite partie de ceux qui ont perdu leur emploi n'arrivent pas à en retrouver et émargent à l'aide sociale.»Dernier élément explicatif: une mutation en profondeur de la société qui a fait, en quelques décennies, considérablement augmenter le nombre de familles monoparentales, beaucoup plus fragiles. Et là encore, les chiffres sont sans appel, puisqu'en ville de Lausanne, une famille monoparentale sur quatre bénéficie de l'aide sociale.