«L’astrologie est le baromètre de l’anxiété ambiante» Eric Winkelmann, astrologue
«Crises, guerres, terrorisme... Les gens ont l’impression d’être dans un bateau qui chavire et viennent chez nous trouver un moyen de sauver leur peau. D’octobre à décembre, c’est la période des bilans et des résolutions et la haute saison de l’astrologie aussi. Cette année plus que les autres!» constate Eric Winkelmann. L’astrologue de 68 ans, qui officia longtemps pour 24heures et la Tribune de Genève, a des airs de Rolling Stone fatigué. Et pour cause: ces temps-ci, comme nombre de sa cinquantaine de collègues romands, il reçoit trois personnes par jour dans son antre d’Aubonne. «Un maximum dans notre profession pour que le travail soit bien fait», précise-t-il en caressant l’un de ses épais volumes d’éphémérides. Moyennant 100 francs l’heure de consultation, depuis 2010, le chiffre d’affaire du Vaudois augmente de 10 à 20% chaque année. « L’astrologie est le baromètre de l’anxiété ambiante au même titre que le score du FN aux élections et apparemment ces temps, elle monte», lance le sexagénaire.
Le sujet clé: le travail!
Ici comme ailleurs, le sujet qui revient loin devant la santé, le cœur et la «bagatelle», c’est le travail. «Dans cette simili-crise du franc fort, les petits craignent de perdre leur poste et ceux qui les emploient de perdre leur argent», résume l’astrologue. Christiane Badoux, sa collègue de Monthey, confirme: «C’est de la folie pure. Les gens sont dans la peur! Pollution, chômage, restructuration, ils se demandent comment s’en sortir».
Malheureusement pour eux, la Valaisanne de 74 ans et les planètes n’ont que peu de réponses. «L’astrologie n’en donne pas beaucoup. C’est plus une carte qui nous aide à contourner bouchons et éboulements sur notre chemin de vie», explique l’astrologue. De l’ado qui ne sait pas quel apprentissage choisir jusqu’au chef d’entreprise s’interrogeant sur sa stratégie en passant par l’octogénaire s’inquiétant pour sa santé, un large spectre de personnes a désormais recours à l’astrologie. D’après les six professionnels interrogés, leur discipline multimillénaire, souvent dénigrée dans notre culture occidentale rationnelle, gagne en crédibilité.
La connaissance de soi
Sandra Gaudin constate que cette ouverture va de pair avec des envies de changement. Au moment où nous lui avons parlé, la Lausannoise de 48 ans établissait 36 pages d’horoscope (une par décan) notamment pour l’Illustré. «Beaucoup de gens ne se reconnaissent plus dans cette société qui fait souvent passer l’argent avant l’humain. Certains envisagent des virages drastiques pour être en adéquation avec leurs aspirations, décodait-elle. Et pour cela, ils ont parfois recours à l’astrologie qui est un formidable outil de connaissance de soi et d’évolution.»
Le phénomène n’a pas échappé à Danielle Chapuis. Il toucherait surtout les jeunes. « Ils sont davantage reliés au karma collectif de la conscience universelle. Et leurs prises de conscience personnelles auront de grands effets à plus long terme» pronostique l’astrologue genevoise de 65 ans. Nous voilà rassurés!