Deux-roues motorisés: Des parkings bientôt payants?

• L'explosion du nombre de motos et de scooters à Lausanne pose un problème d'occupation du domaine public.

• Un élu communal Vert propose rien moins que d'introduire un péage.

• Une proposition rejetée par la Municipalité et qui suscite des positions surprenantes au sein de la classe politique. 

  • La multiplication des deux-roues, comme ici à Ouchy pose un problème d'occupation du domaine public.

    La multiplication des deux-roues, comme ici à Ouchy pose un problème d'occupation du domaine public.

Pour certains, il ne s'agit que d'un épiphénomène, plutôt marginal. Pour d'autres, la question est tellement lancinante qu'elle mérite d'être sérieusement empoignée. Elu Vert, Claude Bonnard est de ceux-là. L'été dernier, il a déposé une motion au conseil communal de Lausanne, intitulée «Pour l'introduction d'un stationnement payant pour les deux-roues motorisés au centre-ville et dans les quartiers stratégiques».«J'ai pu constater une invasion assez importante des deux-roues dans plusieurs endroits, en particulier à Ouchy, justifie-t-il. Il faut donc agir et surtout ouvrir le débat. Introduire un péage pour le parking en surface pourrait libérer les trottoirs. Et ce n'est pas si incongru. Le stationnement payant pour les autos est aujourd'hui entré dans les mœurs. D'ici quelques années, on y arrivera pour les scooters et les motos!»

Débat lancé

Le moins qu'on puisse dire, c'est que le débat est lancé, tant cette proposition jette un pavé dans la mare, en suscitant des réactions contrastées et parfois surprenantes.D'abord chez les socialistes lausannois, pour qui le problème... ne se pose tout simplement pas. «A ce stade, il n'est pas nécessaire de taxer le stationnement, lance leur président Benoît Gaillard. Ce problème n'est aujourd'hui pas prioritaire, et je n'ai pas l'impression que l'occupation du domaine public par les deux-roues pose aujourd'hui un problème. Occupons-nous plutôt des nuisances sonores et de la pollution qu'ils occasionnent!»A l'inverse, l'UDC Claude-Alain Voiblet, envisage le débat qui s'annonce d'un œil plutôt favorable: «d'ordinaire, nous ne sommes pas favorables à tout ce qui est taxes etc. Mais nous sommes dans une situation où on ouvre des prestations très favorables aux deux-roues, motorisés ou pas et qui jusqu'à présent disposent d'une gratuité. Entamer une réflexion sur leur participation en milieu urbain, c'est plutôt positif».Quant aux Verts, c'est un peu sur la pointe des pieds qu'ils se lancent dans le débat ouvert par leur camarade de parti, conscients qu'il s'agit là d'un sujet qui à terme, peut coûter cher d'un point de vue électoral. Leur crédo: oui à une taxe de stationnement, mais à condition que l'on offre aux utilisateurs une contrepartie. «Nous comprenons le besoin des pendulaires, comme par exemple à Ouchy, et nous ne voulons pas leur rendre la vie plus compliquée, admet Vincent Rossi, le président du parti écologiste». Résultat: le parti soutient plutôt l'idée d'un compromis, un péage contre une prestation supplémentaire, comme par exemple un abri protégé et une surveillance des véhicules taxés.Interpellée, la Municipalité ne minimise pas l'ampleur du problème, loin s'en faut: «Ces dernières années, nous constatons une très forte augmentation de l'usage tant des deux-roues motorisés que des vélos auxquels s'ajoutent les vélos électriques, confirme Olivier Français. Face à cette explosion quantitative, nous sommes confrontés à un véritable problème d'espace disponible pour créer des places de parcs pour les deux-roues au centre-ville, près de la gare CFF ou encore à Ouchy».

Politique coordonnée

Pour le Municipal PLR, la solution en revanche, ne passerait pas nécessairement par un péage, jugé «antisocial». «Sans doute, nous devrons à terme modifier le règlement communal pour mieux gérer les deux-roues parqués hors des zones qui leur sont réservées, annonce-t-il. On pourrait techniquement envisager des places payantes pour les deux-roues motorisés, mais Lausanne, alors qu'elle privilégie le dialogue avec les communes voisines, ne devrait pas faire cavalier seul. Imposer un tel système peut avoir un effet indirect sur les usagers et une politique coordonnée est, à mes yeux, plus appropriée. Payer pour parquer son deux-roues irait à l'encontre de notre politique d'encouragement à la mobilité douce et de notre volonté de désengorger le centre-ville du trafic individuel motorisé.»

«Ce problème n'est aujourd'hui pas prioritaire» Benoît Gaillard, Président des socialistes lausannois.«Nous constatons une très forte augmentation de l'usage du domaine public» Olivier Français, Municipal de Lausanne.

Le TCS contre des mesurettes

CA • «Si à terme il s'agit de prendre des places aux voitures pour les donner aux deux-roues, jamais le TCS n'entrera en matière dans la situation actuelle où le stationnement est tendu». Pour le président de la commission de circulation du TCS-Vaud, Panos Tzieropoulos, l'affaire est entendue: très aigus à Lausanne, les problèmes de parking pour deux-roues appellent à une solution globale. «Nous ne voulons pas de petites mesurettes. Et s'il s'agit simplement de rendre les places payantes sans contrepartie, nous serons vraisemblablement dans le camp des opposants. En revanche, nous entrons volontiers en matière pour discuter d'un concept global où on améliore l'offre en échange d'une participation de l'usager». Exactement, et mot pour mot, la position du président des Verts Lausannois (lire notre article principal).