Guy Parmelin: «J’ai l’habitude de défendre mes convictions»

  • Avec le Tessinois Norman Gobbi et l’Alémanique Thomas Aeschi, Guy Parmelin figure sur le ticket officiel de l’UDC pour l’élection au Conseil fédéral. 
  • Tous les scénarios sont possibles et une chose est sûre: le Vaudois défendra toutes ses chances et n’entend pas incarner une candidature alibi. 
  • Ancrage agrarien, sens de la convivialité et inscription dans la ligne orthodoxe de l’UDC sont ses principaux atouts pour créer la surprise le 9 décembre prochain.

  •  Guy Parmelin. © Valdemar Verissimo

    Guy Parmelin. © Valdemar Verissimo

«Nous avons été élus sur la base d’un programme clair. C’est cette vision qui m’anime.»

A une semaine du vote de l’Assemblée fédérale, on vous sent plutôt serein...

Guy Parmelin: Il faut bien, car ce genre d’élection s’apparente à un marathon, donc il faut ménager ses forces et se dégager des plages de récupération, en dehors de la politique. Alors, je fais des petites siestes, j’assiste à des concerts. Je m’organise pour ne pas me laisser submerger, sans perdre de vue mon objectif...

Vous attendiez-vous à figurer dans le trio des candidats présentés par l’UDC?

Dès que j’ai eu confirmation qu’il s’agirait d’un “sprachticket” (un choix selon la région linguistique, ndlr), j’ai su que cela se jouerait entre moi et Oskar Freysinger, à 50%.

Résultat, vous avez été quasiment plébiscité avec 48 voix contre 29 pour Oskar Freysinger. Votre personnalité plus consensuelle, moins clivante explique-t-elle l’ampleur de ce vote?

Pas seulement. J’ai présidé un parti, je sors de deux ans de présidence de commission. Dans le même temps, Oskar Freysinger, siège depuis deux ans dans un exécutif cantonal, peut-être a-t-il perdu le contact avec les parlementaires. Mais c’est vrai aussi qu’il polarise plus que moi, même si sur beaucoup d’objets, je reste très ferme. Peut-être la manière de dire les choses est-elle différente...

Certains disent que sur les trois candidatures retenues par l’UDC, la vôtre et celle du Tessinois Norman Gobbi ne servent que l’alibi à l’Alémanique Thomas Aeschi...

Je ne crois pas, et l’avenir nous le dira. En fait, l’objectif du parti, c’est de mettre l’Assemblée fédérale face à ses responsabilités en présentant des profils qui correspondent tous à la fonction. Il s’agit également que celle-ci ne soit pas tentée d’aller chercher des candidats hors ticket officiel... Je ne pense pas être un alibi, j’ai l’habitude de défendre mes convictions et je l’ai montré face aux partis...

Si beaucoup louent votre capacité d’écoute, d’autres vous reprochent de trop vous inscrire dans une ligne disons... blochérienne...

A l’UDC, nous avons été élus sur la base d’un programme alimenté par les sections du parti, puis adopté en assemblée. Ce programme est clair et assorti de lignes précises, auxquelles nous nous sommes tenus durant toute la campagne. C’est cette vision qui m’anime, même si sur certaines questions de société, pacs, avortement, je peux me montrer plus libéral que mon parti.

Vos compétences en allemand ne prétéritent-elles pas votre candidature?

Franchement, en bon allemand, je me débrouille pas mal. En tout cas, on me comprend (rires)!

On a beaucoup reproché à Christoph Blocher son manque de collégialité au Conseil fédéral. Quelles garanties donnerez-vous en ce sens?

Ma position est claire: à l’intérieur du Conseil fédéral, et pour tenter d’infléchir ses positions, on porte les idées qu’on a défendues même si celles-ci peuvent être dures ou rebutantes. Mais ensuite, c’est la décision majoritaire du collège qui doit être portée, sinon les effets sont très négatifs, que ce soit vis-à-vis du peuple, ou de nos partenaires internationaux.

Et comment réagiriez-vous si vous veniez à ne pas être élu?

Je commencerais d’autant plus par féliciter mon adversaire que l’essentiel est que mon parti retrouve ses deux sièges. Et puis, je retournerais ensuite à mes activités habituelles, plutôt bien chargées.

Cela fait près de 20 ans qu’aucun Vaudois n’a siégé au Conseil fédéral. Pierre-Yves Maillard, le président du Conseil d’Etat vaudois, soutient votre candidature. Avez-vous l’impression que tout le canton est derrière vous?

Au niveau de Monsieur et Madame Tout-le-monde, je reçois de très nombreuses marques de soutien, soit directement soit par mail ou par courrier, ceci quelles que soient les idées politiques des personnes qui me contactent. Et cela fait vraiment chaud au cœur. Au niveau politique enfin, je me sens plutôt soutenu. D’ailleurs, ce soutien est normal, tout comme il est normal que certains expriment aussi des bémols. Pour le jour de l’élection, j’ai en tout cas réservé des places à la tribune pour le Conseil d’Etat et le Grand Conseil vaudois ainsi que pour le syndic de ma commune. Le reste sera pour mes proches, car les places sont limitées et réglementées.

Quel est votre pronostic. Pensez-vous être élu le 9 décembre au matin?

Franchement, il peut se passer n’importe quoi, car toutes les combinaisons sont possibles. Je vais donc à cette élection pas à pas, en suivant la procédure du parti de A à Z. De toutes façons, j’accepterai évidemment le résultat quel qu’il soit (rires).

Europe et migrations: dans la ligne du parti!

Sur les deux sujets les plus brûlants de l’actualité, Guy Parmelin s’inscrit pleinement dans la ligne de son parti. En matière de relations avec l’Union Européenne et d’application de l’initiative sur l’immigration de masse, le candidat vaudois rappelle ainsi que son parti «soutient clairement les bilatérales et n’entend pas les dénoncer». Ceci sans pour autant préjuger de l’existence d’une marge de manœuvre dans la mise en application de l’initiative, car il n’est pas possible de «continuer à accueillir chaque année 70 à 80’000 personnes». En matière d’asile et de migrations enfin, la Suisse doit «sans tabous» strictement appliquer la législation sur l’asile, renforcer les contrôles aux frontières et refuser les réfugiés économiques, ne serait-ce que pour «pouvoir accueillir ceux qui fuient vraiment la terreur». A ces derniers, la Suisse doit rester fidèle à sa tradition humanitaire, mais en leur proposant un «statut provisoire».