JOJ: la course contre la montre est lancée

- Au terme d’une longue bataille, Lausanne et le Canton ont obtenu l’organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse 2020.
- Le projet soumis à candidature est estimé comme très ambitieux, y compris par le comité de candidature lui-même.
- Aujourd’hui, une course contre la montre est engagée. Un directeur général et des sponsors sont recherchés.

«On se dit que la fête peut tout à fait être réussie, même si une partie du public doit s’installer sur des gradins temporaires en bois» Denis Pittet, Secrétaire Général du Comité de candidature

Les JOJ 2020 de Lausanne seront-ils à la hauteur des ambitions qu’ils suscitent? Question légitime à moins de cinq ans de leur cérémonie d’ouverture. Non seulement, de nombreux bâtiments restent à construire ou à aménager, mais l’entier des sponsors n’est pas encore trouvé. De même, le comité d’organisation n’est pas au complet et le siège, ô combien stratégique, de directeur général est encore vide.

Un profil particulier

En coulisses, les organisateurs ne cachent pas que le profil du directeur qu’ils recherchent sera particulièrement compliqué à trouver. Un expert international des Jeux Olympiques qui aura suffisamment de connaissances du tissu local pour s’en sortir dans les labyrinthes de nos administrations, ça ne court pas les rues. Parmi les candidats probables: le Secrétaire Général du Comité de candi- dature, Denis Pittet. Professionnel de la communication et fin stratège, celui-ci ne confirme encore rien mais se veut déjà rassurant pour la suite. « Il est vrai que nous avons l’aspiration de pouvoir réaliser ces Jeux dans un stade flambant neuf et des équipements aussi esthétiques que fonctionnels. Mais, que l’on se rassure, même si on n’y arrive pas, nous serons capables d’accueillir l’entier de cet événement dans nos constructions actuelles», promet-t-il.

Image en jeu

La question de l’image sulfureuse du sport business, suite à quelques récents scandales à répétition, avait été mise en lumière par les opposants aux JOJ Lausanne 2020. Cela dit, tous s’accordent à dire que la visibilité internationale de la région sera importante durant la manifestation. Des bâtiments vieillissants ou une logistique mal rôdée pourraient donc avoir un effet hautement contre-productif pour la promotion économique et touristique. Une sacrée pression pour le fameux projet de renouvellement des infrastructures Métamorphose. Ce dernier est, pour rappel, sensé faire sortir un centre sportif de terre vers la Blécherette en 2019, relifter celui de Malley et transformer le stade Pierre-de-Coubertin. Alors qu’une partie de ces projets en sont encore à l’étude de faisabilité, les délais paraissent sacrément serrés.

Pas de panique

Heureusement, selon Denis Pittet, l’essentiel n’est pas dans les bâtiments: «Quand on voit l’émotion que dégage un événement comme la Fête des Vignerons. On se dit que la fête peut tout à fait être réussie, même si une partie du public doit s’installer sur des gradins temporaires en bois.» On nous l’assure, le comité d’organisation mise d’abord sur la passion pour créer un emballement aussi bien local qu’international.

Un enthousiasme que pondère toutefois le membre du collectif SolidaritéS, Hadrien Buclin: «Le monde politique ou économique est majoritairement emballé par tous ces projets olympiques. Mais ce n’est pas forcément le cas du peuple. Aux Grisons, par exemple, la population a été appelée à voter et a refusé massivement l’organisation de Jeux Olympi- ques…» Pourtant, il est vrai que l’élu lausannois était l’un des très rares parlementaires à refuser la subvention de 8 millions de la ville pour l’organisation de ces JOJ. Un montant qui pourrait encore potentiellement s’alourdir en cas de mauvaise gestion, car la ville est solidaire avec le Canton en cas de pertes. «Cela représente déjà 2% des impôts des Lausannois cette année. En outre, je suis plutôt méfiant au sujet d’un dépassement de budget. C’est très souvent le cas de ce genre d’événement, parfois dans des proportions inquiétantes», conclut Hadrien Buclin.

Plus de doute, les cinq prochaines années vont passer très rapidement pour toutes celles et ceux qui travaillent sur ces Jeux!

JOJ 2020: un tremplin national?

PK • Les Jeux Olympiques consacrés à la jeunesse ont lieu tous les quatre ans en hiver et en été. Les précédentes compétitions d’hiver ont été attribuées à Innsbruck en 2012 et Lillehammer, l’année prochaine. Les Jeux d’été ont eu lieu à Singapour, en 2010, et Nanjing, en 2014. Ils se dérouleront à Buenos Aires en 2018.

Ces Jeux ont été inventés en 1998 pour répondre à la préoccupation croissante que suscitait l’obésité des enfants au niveau mondial et à la diminution de la participation des jeunes aux activités sportives, notamment dans les pays industrialisés.

Leur version hivernale reprend sept sports des Jeux Olympiques d’hiver. En 2020, ces sept disciplines vont être partagées entre Lausanne (patinage artistique et hockey sur glace), les Alpes vaudoises (descente à ski et en snowboard) et la Vallée de Joux, dans les montagnes jurassiennes (ski de fond). Les épreuves de ski acrobatique vont pour leur part se dérouler à Les Tuffes, en France voisine.

A noter que ces Jeux d’hiver seront les premiers organisés en Suisse depuis ceux de Saint-Moritz en 1948. Les tentatives précédentes pour galvaniser l’intérêt autour d’un tel événement ont échoué face aux craintes liées aux coûts environnementaux et financiers d’une telle organisation. Lausanne 2020 pourrait cependant jouer un rôle de tremplin national si la Suisse visait les Jeux Olympiques d’hiver 2026.