La Patrouille des Glaciers séduit les Lausannois

- Quelque 1700 équipes de trois s’élanceront bientôt entre Zermatt, Arolla et Verbier lors de la 31e édition de la mythique épreuve de ski alpinisme.
 
- De plus en plus de ces «patrouilles » sont issues des villes et notamment de Lausanne. Deux d’entre elles disent ce qui les motive à tant investir sur ces 53 km.
 
- Un sociologue du sport décode pour nous l’engouement grandissant constaté ces dernières années pour ce type d’épreuves d’ultra-endurance.

  • 31e édition de la mythique épreuve de ski alpinisme: La Patrouille des Glaciers. dr

    31e édition de la mythique épreuve de ski alpinisme: La Patrouille des Glaciers. dr

  •  Florence et ses coéquipières du Footing club Lausanne, s’entraînent depuis l’automne 2015. DR

    Florence et ses coéquipières du Footing club Lausanne, s’entraînent depuis l’automne 2015. DR

«Depuis gamine, je rêvais de participer à la PdG en la regardant à la télé» Florence Juilland

La 31e édition de la Patrouille des Glaciers, «PdG» pour les intimes, s’élancera le 19 avril de Zermatt. Les «collants-pipettes», comme sont surnommés les adeptes du ski-alpinisme de compétition, rapport à leur combi moulante et à leur gourde toujours à portée de bouche, attendaient ça depuis deux ans! Quelque 1700 équipes de trois participeront à cette édition. Parmi eux, les «hors-canton», issus de villes de la plaine, ainsi que les désignent les Valaisans, sont de plus en plus nombreux.

Gros sacrifices consentis

Florence Juilland est de ceux-là. La Lausannoise de 36 ans est un poids plume de 47kg pour 1m60 qui a déjà six PdG derrière elle. «Toute gamine, je rêvais de participer en regardant la télé et puis j’y suis allée en spectatrice. La PdG, c’est mythique à cause de la difficulté, du cadre et de l’ambiance. L’aboutissement d’une saison de ski alpinisme!» résume cette prof de sport. Elle et ses coéquipières du Footing club Lausanne s’entraînent depuis l’automne. Tous leurs week-ends y passent. «Les années de patrouille, c’est clair qu’on limite les excès et écourte les sorties entre amis», s’amuse Florence. Le jour J, le trio aura accumulé 40’000 m de dénivelé positif (D+) notamment en participant à d’autres épreuves incontournables tel le Trophée du Muveran. Soit cinq fois moins que les pros mais tout de même l’équivalent de 8.5 montées de la mer au Mt Blanc!

Outre le cardio, elles ont aussi travaillé l’aspect technique et notamment les «changements de peau» ou encore le ski encordé (obligatoire sur glacier). De quoi rêver d’un chrono de 12h à 15h pour avaler les 53 km et D+4000 m de l’épreuve mais pas que… «Traverser pareil effort ensemble, ça soude et tisse des liens d’amitié allant bien au-delà du sport», relève Florence. Et puis il y a cette ambiance unique: la bénédiction le jour du départ à l’église de Zermatt, l’arrivée à Tête blanche (3710 m), point culminant de l’épreuve de nuit ou encore la montée skis sur le sac du vertigineux couloir de la Rosablanche aux sons des cors des Alpes, des cloches et des encouragements …

Entraînements nocturnes

Le Genevois Jean-Pierre Keller ne manquerait ces instants pour rien au monde. Ce conseiller en investissements financiers de 48 ans, chef de course au Club alpin suisse de Genève, a quatre participations à son actif. «La PdG est au ski alpinisme ce que le marathon de New York est au running. Un incontournable. Surtout pour des amoureux de la montagne comme nous!» «Sans se battre au gramme près», contrairement aux pros, le quadra n’hésite pas à investir dans du matériel léger et performant pour se faire plaisir et aller vite. Des skis de moins d’1 kg en passant par le détecteur de victime d’avalanche (DVA), le baudrier ou encore le casque équipé d’une puissante frontale, il n’est d’ailleurs pas rare que les participants investissent plus de 4000 fr dans la bataille. Mais beaucoup de temps aussi au prix parfois de quelques négociations familiales serrées. Nombre des entrainements de Jean-Pierre Keller ont lieu en nocturne sur les modestes pentes de la Dôle (VD). «Pas pour faire des globules (ndlr: s’acclimater aux hautes altitudes), ça nous le faisons le week-end en haute montagne, précise ce père de famille, mais pour accumuler du dénivelé malgré le fait que l’on habite loin des hauts sommets.» Son objectif ? Non pas faire un temps, même si lui et ses amis visent les 14h mais plutôt «finir et bien finir». C’est-à-dire «à trois à Verbier dans la joie, le soulagement et la nostalgie» en attendant 2018 et la prochaine PdG...