«Les Vaudois apprécient les politiciens discrets qui travaillent»

- Plus discrète que ses collègues, Florence Germond assume la lourde tâche de tenir les finances municipales.
- Son relatif effacement n'occulte pas une véritable ambition, qui ne l'empêche pas, pourquoi pas, de rêver à la syndicature.
- Interview-bilan de la seule femme de la Municipalité, deux ans après son élection.

  • L'obsession de Florence Germond: garantir les prestations offertes aux administrés. © Valdemar VERISSIMO

    L'obsession de Florence Germond: garantir les prestations offertes aux administrés. © Valdemar VERISSIMO

Après deux années à la Municipalité, comment vous sentez-vous?
A vrai dire, j'aime beaucoup ce travail même si ce n'est pas une sinécure. Mais c'est passionnant, dans un département comme les finances, il y a vraiment une multitude de rencontres, d'enjeux...

Vous cultivez une certaine discrétion dans les médias. Est-ce volontaire ou est-ce le fait d'une certaine timidité?

Mon intention première a d'abord été de travailler et de réaliser, en mettant en place ma méthode de travail, de nouvelles procédures financières, etc. Je considère que dans un exécutif, on doit faire ses preuves, obtenir un bilan que l'on visibilise ensuite le cas échéant. On verra bien en fin de législature…

Certains de vos collègues n'ont pas attendu d'avoir un bilan…

Culturellement, je reste une Vaudoise protestante qui aime faire preuve d'une certaine retenue. Mais ceux qui travaillent avec moi savent à quel point je suis tenace et persévérante.

Et l'électeur, le sait-il?

Les Vaudois apprécient aussi les politiciens qui travaillent et qui sont un peu discrets. La réélection de certains de mes collègues le prouve bien…

En deux ans, votre collègue Grégoire Junod, s'est peu à peu imposé comme l'homme fort de la Municipalité, au point que le syndic actuel voit même en lui son successeur. Les trois magistrats socialistes sont-ils en concurrence pour la syndicature?

On ne va pas mettre la charrue avant les bœufs et on va laisser le débat démocratique se faire. Contrairement à ce qu'on lit dans les médias, on travaille très bien ensemble au sein de la Municipalité. Et les trois socialistes, nous sommes très complémentaires.Au final, serez-vous oui ou non candidate à la syndicature?A mi-législature, la question reste ouverte. On verra bien à la fin, et je suis persuadée que la question se règlera en harmonie avec Oscar Tosato et Grégoire Junod. Après, ce sera le processus démocratique, dans le parti et auprès du peuple, qui tranchera. Une chose est sûre: si le peuple le veut bien, j'aimerais inscrire mon action au-delà de cette législature.

«La question de la syndicature se règlera en harmonie avec Oscar Tosato et Grégoire Junod»

A tort ou à raison, beaucoup reprochent à la Municipalité actuelle son arrogance dans la gestion de la ville. Qu'en pensez-vous?
La Municipalité doit entendre ses remarques. Même si beaucoup de choses ont été réalisées, il faut se rapprocher de la population, expliquer davantage nos projets, aller par exemple vers les commerçants qui se font des soucis légitimes. En prenant des mesures d'accompagnement, mais aussi en leur expliquant les retombées positives des projets engagés. La pédagogie fait partie de notre rôle en tant que politiques.Votre collègue Olivier Français affirme que pour lui, en tant que minorité, cette législature est pire que la précédente…Monsieur Français, que d'ailleurs j'apprécie beaucoup sur le plan humain, est respecté dans ses positions. Mais la Municipalité a dû traiter des dossiers à forts enjeux en début de législature et doit travailler dans un cadre financier plus serré, ce qui implique quelques tensions supplémentaires liées aux enjeux, mais pas aux personnes.

En 2012, Lausanne bouclait ses comptes dans le rouge, car il a fallu renflouer la caisse de pension des employés de la ville. Vers quoi s'achemine-t-on pour 2013?

Les premiers chiffres sur les comptes 2013 n'arriveront qu'en octobre-novembre. Il est très difficile de faire des projections, mais on sera probablement dans les mêmes ordres de grandeur que ces dernières années. Le vrai problème, c'est que nous avons désormais un gros souci pour les recettes. 10 millions de pertes seront liées à la réforme des allocations familiales - et l'Etat a pris seul la décision -, et 50 à 70 millions pourraient être imputés au projet de réforme de l'imposition des entreprises de la Confédération et des cantons. Pour un ordre de grandeur, 50 à 70 millions, ça représente le budget alloué aux crèches à Lausanne!

Ce dernier dossier vous a vue sortir de votre réserve coutumière et vraiment monter aux barricades...

Mais parce qu'il s'agit d'un enjeu essentiel! S'il n'y a pas d'accord avec les cantons et la Confédération, l'impact sera sans précédent sur les finances communales, car on ne pourra vraisemblablement ni creuser la dette pareillement, ni faire porter toute la charge fiscale sur les personnes physiques. Ce qui me met en colère, c'est que ces décisions vont inévitablement mettre en péril les prestations que l'on peut offrir aux Lausannois. Nous ne devons pas être les dindons de la farce…

S'il est un dossier dans lequel la crédibilité de la Municipalité a été mise à mal, c'est bien celui de Métamorphose. Peut-on aujourd'hui garantir son financement?

Nous avons refait une planification et une analyse complète des coûts, qui sont désormais intégrés dans le plan d'investissement de la ville, ce qui n'était pas le cas dans le passé. Mais pour moi, ce qui est important c'est qu'il s'agit de projets à rayonnements régional et cantonal, et Lausanne ne doit pas être la seule à les financer. Il faut que l'on se mette ensemble autour de la table, car contrairement à il y a 20 ans, nous n'avons plus les moyens de faire seuls. Soit les autres nous aident, soit on sera limité dans les réalisations.Fermes sur les finances, fermes sur la sécurité, on ne reconnaît plus les socialistes lausannois?Chaque époque a des caractéristiques différentes. Aujourd'hui la collectivité a par exemple été débordée par certains troubles nocturnes. Ce n'était pas acceptable et il fallait bien remettre l'église au milieu du village. En fait, notre message est simple: «nous sommes de gauche et nous voulons des villes à la fois conviviales et sûres». Il a fallu une phase de prise de conscience de la situation. Aujourd'hui, le collège municipal soutient toutes les mesures prises en matière de sécurité et de vie nocturne. Comme en matière de finances d'ailleurs…