Métro câble: projet lausannois dans les starting-blocks

  • Plusieurs villes sur la planète misent sur le métro câble comme moyen de transport en commun du futur. 
  • Facile à intégrer aux réseaux publics, il offre une solution de transport peu onéreuse et écologique. 
  • A Lausanne, les services d’Olivier Français planchent sur un projet entre le Vallon et le CHUV.

  •  La ville de Medellin, en Colombie, a eu l'audace d'installer un téléphérique urbain en 2003 déjà. DR

    La ville de Medellin, en Colombie, a eu l'audace d'installer un téléphérique urbain en 2003 déjà. DR

«Mes services planchent sur un projet qui vise à relier le Vallon au CHUV» Olivier Français, Municipal en charge des Travaux

Le câble est-il l’avenir du transport urbain? A Medellín, deuxième ville de Colombie, la question ne se pose plus. En 2003, cette ville est la première au monde à avoir eu l’audace d’installer un téléphérique en milieu urbanisé (lire encadré ci-dessous). Un exemple vite copié par d’autres centres urbains comme Caracas, Rio de Janeiro, New York, Barcelone ou encore Grenoble. Le téléphérique n’est aujourd’hui plus réservé aux cimes enneigées, il séduit un nombre grandissant de cités et... d’élus.

Un bon bilan écologique

«Et il y a de quoi!» enchaîne Jean-Christophe Birchler. «L’avenir exige des technologies douces, économes en matériel et en énergie. Le métro câble, c’est tout cela à la fois!» Cet ingénieur, membre du comité des Vert’libéraux lausannois, défend avec force l’idée d’un tel mode de transport qui pourrait aussi desservir l’agglomération lausannoise.

Car il y voit beaucoup d’avantages: le métro câble s’adapte aux contraintes de relief, il permet de franchir facilement des obstacles naturels et il n’a pas d’emprise au sol. En cela, il s’intègre facilement dans le réseau de mobilité d’une ville. Mais ça ne s’arrête pas là. «Sa capacité de transport est importante, entre 2000 et 2500 personnes par heure», ajoute Jean-Christophe Birchler. «C’est moins qu’un tramway, mais davantage qu’un bus, et les coûts d’investissements sont totalement compétitifs par rapport à ces autres modes de transport. De plus, c’est silencieux et sûr avec un bon bilan écologique.» Et d’ajouter: «Imaginez la souplesse offerte par un transport public qui passerait toutes les 30 secondes, au lieu de 7 minutes 30 pour les plus chanceux d’entre nous. Fini les attentes et les conséquences fâcheuses d’avoir raté son bus! De plus, passer par les airs permet de survoler les obstacles et les bouchons, sans en créer de supplémentaires, même pendant la construction!»

Des inconvénients, aussi...

Enthousiaste Jean-Christophe Birchler, mais aussi lucide: «C’est un outil technologique formidable, mais certainement pas la panacée universelle. Il a aussi des inconvénients.» Le premier, tout spécialement en Suisse, semble être un problème d’image. Ce type de transport est lié à la montagne, donc à une vision plutôt vieillisante et de détente, que de modernité et de dynamisme. Le second, plus subjectif et émotionnel, tiendrait au fait qu’il s’agit d’un transport aérien et qu’il pourrait dégrader le paysage.

Municipal en charges des Travaux, à Lausanne, Olivier Français se montre plus circonspect. «L’idée du métro câble n’est pas nouvelle et nous y avons pensé», explique-t-il d’emblée. «Pour preuve, initialement le projet initial du futur M3, consistait justement à construire un métro câble». Mais à ses yeux, il ne constitue toutefois pas un transport d’avenir pour Lausanne, notamment en raison de ses performances, qui demeurent limitées, et de ses capacités d’accueil ainsi qu’au fait qu’en Suisse, il demeure lié à la notion de tourisme de montagne. De ce fait, il risque de ne pas trouver suffisamment de soutien en milieu urbain, avec des réticences qui pourraient être également fortes pour des raisons esthétiques et de sauvegarde du paysage. Et d’ajouter un brin malicieux: «L’idée qui consiste à le développer, mais en complément à d’autres types de transports, n’est cependant pas à dédaigner. Il est idéal pour une liaison courte, destinée à surmonter un véritable obstacle naturel. Mes services planchent du reste sur un projet qui devrait permettre de désenclaver et de faciliter l’accessibilité au quartier du Vallon, avec la construction d’un métro câble qui pourrait le relier au plateau du CHUV. Il s’agirait d’un petit téléphérique sur pilotis. Le projet demande toutefois encore à être peaufiné et nécessite, notamment, des autorisations en termes de sauvegarde du paysage.»

L’exemple morgien

Comme du côté de Morges où, fin mars dernier, sous l’impulsion de Région Morges, les autorités annonçaient étudier la création d’une télécabine urbaine d’une capacité de 35 places qui pourrait relier la gare de la ville à Tolochenaz en... 2030. Une réalisation qui devrait permettre de desservir un secteur en plein boom, l’Ouest morgien, qui table sur l’arrivée de plus de 8000 nouveaux habitants d’ici à 2035. Le câble comme trait d’union, un beau symbole!

Le développement exemplaire de Medellin

Medellín, deuxième ville de Colombie (2,5 millions d’habitants), fief du célèbre narco trafiquant Pablo Escobar, était considérée dans les années 1990 comme l’une des villes les plus dangereuses au monde. Depuis 15 ans, elle est devenue un exemple en termes de développement urbain. La première ligne de «Metrocable» y a été mise en service en 2003. 45’000 personnes l’utilisent régulièrement. Sur plus de 400 mètres de dénivelé, ses trois stations desservent les quartiers déshérités du nord-est de la ville. Entrée en service en 2008, une deuxième ligne longue de 2,7 kilomètres dessert les quartiers ouest, alors qu’une troisième ligne a récemment été achevée.

D’ici à 2030, la ville prévoit encore créations et extensions de lignes de métro, metrocables et metroplus (Bus sur voie rapide). «L’urbanisme social», dont se targuent ses dirigeants, a permis de grandes avancées et est devenu un modèle de développement pour de nombreuses autres villes, notamment sud-américaines, comme Caracas ou Rio de Janeiro.