Risque terroriste: les nuits lausannoises plutôt relax

- Les attaques de Paris ont affecté l’ensemble du milieu culturel francophone, y compris Lausanne.
- Alors que la ville s’apprête à fêter la fin d’année, le public y pense, mais ne dramatise pas.
- Quelques groupes américains ont annulé leur venue et certains clubs ont renforcé les mesures de sécurité.

«On a même l’impression que les Suisses ont davantage envie de sortir et de s’amuser.» Michael Drieberg, patron de Live Music Production

« J’ai vu plein de fêtards à la télévision qui racontaient qu’ils n’avaient pas peur, que ce serait comme perdre la bataille. Moi, j’avoue que ça fait un mois maintenant que je jette toujours un coup d’œil sur les sorties de secours», confie Margaux installée sur un canapé de Chauderon 18, le club situé sous la place du même nom. Ses copines éclatent de rire. Mais cette appréhension est aussi un peu la leur. A l’image du reste d’autres jeunes qui ont pour habitude de fréquenter clubs, discothèques ou autres lieux de concerts, notamment durant le week-end. Même si les organisateurs d’événements de ce type à Lausanne se montrent formels: il n’existe pas d’inquiétude tangible parmi leur clientèle.

Bien au contraire. Alors que nous sommes précisément dans la très haute période de vente de billets d’événements culturels en prévision des fêtes de fin d’année, aucune baisse de la demande n’a été enregistrée. «On a même l’impression que les Suisses ont davantage envie de sortir et de s’amuser. C’est sûrement une sensation proche de ce que ressentaient les gens après la Seconde Guerre mondiale», analyse Michael Drieberg, le patron de Live Music Production et de la salle du Métropole, à Lausanne.

Sécurité plus visible

Quant à la mise en place de nouvelles mesures de sécurité après les événements du 13 novembre, la plupart des clubs ou lieux de concerts expliquent qu’ils appliquaient déjà des normes de sécurité très strictes avec un grand nombre d’agents de sécurité afin de fouiller tous les spectateurs.

Mais Thierry Wegmüller, le patron du D! Club, avoue tout de même avoir prévu une nouvelle formation intensive pour l’ensemble de son personnel. Au programme: comment évacuer une salle en quelques minutes. Quant à la salle Métropole, Michael Drieberg explique avoir commandé une dizaine de détecteurs de métaux pour ses agents de sécurité. «C’est un coût supplémentaire, car une personne sur deux va sonner et il va falloir prévoir suffisamment d’employé pour procéder aux vérifications. Mais, on a senti qu’il y avait une demande du public d’être certain que tout était fait pour qu’il puisse s’amuser sans aucune crainte!» Reste à savoir quand les détecteurs seront livrés, la demande n’a jamais été aussi grande pour ce type d’équipements.

Quelques annulations

S’il subsistait quelques doutes sur une éventuelle annulation de concerts de groupes européens ou d’événements de grande ampleur dans les quelques jours qui ont suivi les attentats de Paris, il n’en est rien! Seuls quelques groupes américains ont annoncés l’annulation de l’ensemble de leur tournée européenne. Des décisions en chaîne que le directeur de Live Music Production explique, un brin dépité : « Il y a eu un vent de panique aux Etats-Unis, le gouvernement a même déconseillé de visiter l’Europe. Cette psychose a saisi les artistes et leur management qui ont appliqué le principe de sécurité de manière totalement excessive sur l’ensemble du continent.»

Evaluation du risque

Très souvent mandaté pour assurer la sécurité sur les lieux de fête, Securitas n’a pour sa part pas enregistré une hausse des demandes ou de nouvelles exigences de la part de ses clients organisateurs de concerts. Ils observent avec attention les recommandations de la Confédération sur ce sujet et remarquent qu’il n’a été fait, officiellement, mention d’aucun risque particulier. La direction souligne toutefois qu’un agent de sécurité, même parfaitement formé au maintien de l’ordre ou à la protection de personnes, ne pourra jamais agir contre un terroriste lourdement armé. Sans compter que le sentiment d’insécurité ne serait probablement pas tout à fait apaisé si le public découvrait à l’entrée de la salle de concerts, des agents de sécurités équipés comme des militaires sur un champ de bataille.