Smic: la fausse bonne idée

Christophe Reymond, directeur du centre patronal

L’enfer, comme souvent, est pavé de bonnes intentions, et c’est typiquement ce qui apparaît lorsqu’on examine la proposition d’introduire en Suisse un salaire minimum fixé par la loi. Et plus encore à 22 francs de l’heure, alors qu’il est à 9 euros en France et que l’Allemagne l’envisage à 8 euros 50.

Le constat que l’on peut faire en observant ce qui se passe chez nos voisins français est que le Smic entraîne un nivellement des rémunérations vers le bas et constitue un frein à la progression sur l’échelle salariale. Il devient une référence sur laquelle se calque le patron au moment de l’engagement de collaborateurs, qui restent à ce même niveau de salaire pendant des années, voire tout au long de leur carrière. Et ne l’oublions pas: l’entrepreneur raisonne en termes de masse salariale et l’enveloppe budgétaire qu’il consacre aux rémunérations de ses collaborateurs n’est bien évidemment pas extensible. Ainsi, l’alignement des salaires à un montant minimum n’entraîne pas d’adaptation de la grille salariale mais prive en outre les employés de toute augmentation de leur rétribution.

Un salaire minimum précarise de surcroît les emplois, dont les premières victimes sont les personnes peu qualifiées ou sans expérience, les jeunes et les femmes. Les postes à temps partiel et le travail sur appel s’accroissent tandis que les jobs d’étudiants disparaissent. Les jeunes – que le salaire minimum peut séduire mais qui ne les incite pas à se former – peinent alors à faire leur entrée sur le marché. Qui voudrait en effet engager une main d’œuvre trop chère par rapport à sa productivité?

On s’aperçoit ainsi que cette nouvelle initiative de la gauche en matière de politique salariale conduit à des effets qui frappent de plein fouet ceux-là même qu’elle prétend protéger.