«Tenir bon et occuper des maisons vides»
«On les voit effectivement trainer devant le bâtiment en fin de journée. Je suis allé leur dire qu’ils m’exaspéraient et qu’il était dégoûtant qu’ils se permettent de ne pas payer de loyer», lâche l’un des serveurs du bar jouxtant le bâtiment des squatters.
Il s’agit, selon les témoignages recueillis, du seul commentaire négatif du voisinage. Il faut dire que le collectif, qui a pris possession des logements inhabités en fracturant la porte d’entrée situé à l’arrière de la maison, est plutôt silencieux. Le soir, seule une petite lumière brille généralement dans l’un des appartements des combles.
C’est d’ailleurs cette attitude très discrète qui a rassuré le propriétaire qui n’a donc pas souhaité porter plainte contre le collectif tant qu’ils ne gênent pas les travaux de rénovation qui commenceront prochainement.
Tout le monde semble donc tolérer cette situation pourtant illégale mais sans chercher à le communiquer publiquement. Les squatters ont bien compris qu’il valait mieux ne pas faire de vagues et ils font profil bas en refusant d’entrer en contact avec les journalistes qui cherchent à les joindre.
Bien mystérieux
Qui est vraiment ce collectif? Où habitait-il avant? Personne ne le sait précisément même si le nombre de personnes qui le compose semble plutôt restreint. Au rez-de-chaussée, la vitrine de la petite boulangerie fermée ce printemps a été totalement obscurcie par des plaques de bois et du papier journal de telle sorte à empêcher les regards curieux. Tout semble indiquer que cette occupation se prolongera cet hiver au moins.
Cet été, les autorités avaient eu davantage de difficultés avec l’évacuation du squat de l’ancien bâtiment de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne. Les squatters avaient notamment fait parler d’eux en créant un «magasin gratuit» ouvert au public, mais aussi un cinéma et une salle de concert, suscitant la sympathie d’une partie de la population. Il avait alors fallu près d’une année pour que la police procède à l’expulsion après que la procédure d’expulsion a été validée par la justice en novembre.
Ne pas envenimer
Concernant le nouveau squat de la rue de l’Ale, la ville et le propriétaire doivent surtout craindre de perdre le contact avec les occupants. Ils ont encore en tête l’échec du squat de la Montgolfière occupé pendant plus de deux ans à l’avenue Ruchonnet et où la police se faisait recevoir par des jets de boules de pétanque et du spray au poivre.
C’est, depuis ce printemps, de l’histoire ancienne: les membres du collectif Turbo Mongol ont quitté les lieux au début de l’année, et la construction de nouveaux bâtiments sur le même terrain a débuté.
A l’époque de l’expulsion les squatters avaient publié sur internet un message plein de colère: «Ne pas faire confiance à un propriétaire, tenir bon, demander des preuves écrites, faire pression, ne pas se laisser faire, et… occuper des maisons vides si cela vous est possible, car ça n’a rien d’une balade de santé». Des conseils qui, espère-t-on, n’auront pas besoin d’être appliqués par les nouveaux squatters de la rue de l’Ale.