Un trajet sous très haute tension!

- Depuis quelques semaines, les accidents graves se multiplient sur le trajet du LEB.
- L'avenue d'Echallens est considérée par ses conducteurs comme celle de tous les dangers.
- Reportage à bord de la cabine du conducteur avec des scènes édifiantes à la clé.

  • L'avenue d'Echallens, la hantise des conducteurs du LEB. © Valdemar VERISSIMO

    L'avenue d'Echallens, la hantise des conducteurs du LEB. © Valdemar VERISSIMO

  • Sur l'avenue, les usagers sont parfois inconscients comme cet automobiliste qui tourne à gauche sur les voie du LEB alors qu'il est clairement interdit de le faire. © Valdemar VERISSIMO

    Sur l'avenue, les usagers sont parfois inconscients comme cet automobiliste qui tourne à gauche sur les voie du LEB alors qu'il est clairement interdit de le faire. © Valdemar VERISSIMO

  • Enfreignant toutes les règles de sécurité, ce piéton n'hésite pas à franchir la barrière de sécurité pour traverser la route. © Valdemar VERISSIMO

    Enfreignant toutes les règles de sécurité, ce piéton n'hésite pas à franchir la barrière de sécurité pour traverser la route. © Valdemar VERISSIMO

  • Alors que le train arrive, cet autre conducteurs fait un demi-tour sur route. © Valdemar VERISSIMO

    Alors que le train arrive, cet autre conducteurs fait un demi-tour sur route. © Valdemar VERISSIMO

7:22 - Il est encore tôt ce vendredi matin quand nous arrivons sur le quai de la gare du Flon. A cette heure précoce, les rames bondées du LEB se multiplient. A peine arrivé, le train repart pour effectuer un trajet qui est au centre de toutes les attentions depuis quelques semaines. Sur le quai, l'ambiance n'a pas vraiment changé. La radio LFM déverse son émission matinale dans les haut-parleurs et annonce des surcharges de trafic dues aux pendulaires. Comme tous les matins.

7:31 - Olivier Béboux, chef de la traction pour le LEB et notre accompagnant pour ce voyage, arrive et nous invite à prendre place dans la cabine du conducteur.

7:33 - Le train démarre. Consigne nous a été donnée de ne pas parler au conducteur. L'homme semble spécialement concentré. Il faut dire qu'il va entamer un début de parcours difficile. Olivier Béboux tente de nuancer la polémique de ces dernières semaines: «Des accidents? Il y en a eu de tout temps. Ce n'est pas nouveau. C'est l'indiscipline et l'irrespect des gens qu'il convient de relever. Ces attitudes créent des accidents.» Le conducteur ne peut s'empêcher de préciser: «Et dans les voitures il y a tant de personnes qui sont concentrées sur leur téléphone portable qu'elles en oublient de regarder où elles vont.»

7:38 - Nous sortons du tunnel de Chauderon pour nous engager sur la route incriminée, l'avenue d'Echallens. Les mots se font plus rares. Notre accompagnant note quand même que c'est l'endroit redouté. Nous l'avions deviné. C'est à ce moment-là qu'un piéton traverse précipitamment le passage. Le feu est pourtant au rouge. Frayeur passagère. L'audace de cet homme est finalement sans conséquence. «Il faut plus de 40 mètres pour s'arrêter quand nous sommes à une vitesse de 30 km/h», précise Olivier Béboux. Une éternité lorsque la situation devient urgente!

7:41 - Le tronçon dangereux est passé sans encombre. Le chauffeur se détend. Notre accompagnant aussi. Il souligne que diminuer la vitesse du convoi à cet endroit ne servirait à rien. «Cela inciterait encore davantage les passants à se lancer au dernier moment. La seule solution, c'est prolonger le tunnel existant.»

7:45 - La vitesse de croisière est atteinte. Le train s'enfonce dans la campagne vaudoise. Une zone sans risque? «Non, au contraire, précise Olivier Béboux. Cet été, une voiture a fini sur les voies après une perte de maîtrise. Cela arrive régulièrement. Par ailleurs, une barrière de passage à niveau est en moyenne cassée chaque mois.»

7:53 - Nous arrivons à Cheseaux et décidons d'effectuer le voyage retour.

7:55 - Un autre train démarre avec pour terminus la gare du Flon. C'est une jeune femme qui est cette fois aux commandes.

7:57 - Quel est le sentiment qui habite les conducteurs? Olivier Béboux n'y va pas par quatre chemins: «Ils ont davantage de pression et surtout un immense sentiment d'impuissance. Avec un train, on ne peut pas donner de coup de volant pour éviter un danger, les gens semblent l'oublier!»

7:59 - Le convoi s'immobilise. Nous attendons un autre train. Les minutes défilent. Il y a du retard. «C'est l'effet domino, note le chef de la traction. Ce sont les passagers qui en sont les premières victimes.»

8:13 - Nous dépassons l'arrêt Montétan et là une scène édifiante se produit. Un chauffeur de taxi, qui devait attendre un client, fait un demi-tour improvisé sur les rails et accélère. «C'est un comportement totalement irresponsable, s'insurge Olivier Béboux. Il n'a pas le droit de faire ça!»

8:18 - Arrivée au Flon avec quatre minutes de retard. En deux courts trajets, nous avons pu constater deux infractions de la part des piétons. «Les mesures prévues vont dans le bon sens, se félicite notre accompagnant. Mais il faut que les gens apprennent le respect de tous les usagers, y compris du LEB.»