Une crise sans précédent

- Longtemps, la vitalité du POP vaudois a fait figure d'exception dans le champ politique suisse.
- Le parti a du mal à digérer le départ de l'emblématique Josef Zisyadis et sa représentation politique se réduit peu à peu.
- Dernier épisode en date: la démission fracassante de son brillant vice-président, le jeune Julien Sansonnens.

  • POP vaudois - Une représentation politique qui risque encore de s'amenuiser.

    POP vaudois - Une représentation politique qui risque encore de s'amenuiser.

  • POP vaudois - Une représentation politique qui risque encore de s'amenuiser.

    POP vaudois - Une représentation politique qui risque encore de s’amenuiser.

Cent fois, on a annoncé sa disparition pure et simple de l'échiquier politique vaudois. Et cent fois, tel un phénix, il a ressuscité de ses cendres. Sauf que cette fois-ci pourrait être la bonne. Le POP vaudois vit une crise sans précédent. Dernier épisode en date: la démission fracassante de son vice-président depuis 2009, le jeune et brillant Julien Sansonnens et qui dans son communiqué de presse dénonce le fait «que le POP tend à infléchir sa ligne vers une certaine radicalité d'extrême-gauche qui ne correspond pas à son histoire». «J'ai démissionné parce que je me pose beaucoup de questions, et j'ai décidé d'en tirer les conclusions. Je suis lassé du durcissement de la ligne de mon ancien parti, nous explique-t-il. L'extrême gauche telle qu'elle se présente aujourd'hui n'est pas très sexy pour l'électeur vaudois et lausannois. Ses forces déclinent et se radicalisent.»

Désaffection

Depuis quelques années en effet, le parti subit une désaffection des électeurs. Sa représentation au Grand conseil vaudois ou au Conseil communal se réduit nettement, et mieux encore, la pérennisation des sièges exécutifs, occupés aujourd'hui par des personnalités emblématiques comme Marc Vuilleumier ou Marianne Huguenin est loin d'être garantie lors des élections futures.«C'est incontestable, confirme la syndique de Renens, nous vivons une phase difficile de crise, notre députation au Grand conseil, limitée à deux députés du POP et deux de Solidarités le montre. Les débats sur les alliances à la gauche de la gauche nous prennent temps et énergie, divisent parfois aussi, moins qu'à Genève, où ils ont empêché une représentation commune au Grand Conseil, mais plus qu'à Neuchâtel où le POP pèse aussi plus dans le débat.»Pour Marianne Huguenin, les difficultés du POP s'expliquent également par son succès. «Certaines de nos idées phares se sont imposées: le salaire minimum, la caisse unique, les forfaits fiscaux. Ceci d'autant que ce faisant, on a également fait pencher le PS vaudois sur sa gauche. Pierre-Yves Maillard n'est pas là tout à fait par hasard. Mais je reste confiante car la relève est là, ainsi que les grandes thématiques qui nécessiteraient notre présence !»

Pas de leçons

Une relève qui pourtant tarde à se montrer tant le parti n'a même pas encore digéré le départ, il y a trois ans, du très charismatique Josef Zisyadis, dont l'absence se fait cruellement sentir. «J'ai adhéré au POP à l'époque de Zisyadis, se souvient Julien Sansonnens. Il y régnait une camaraderie, une convivialité, un côté populaire au sens noble du terme qui contraste avec ce qui se passe aujourd'hui». Et d'ajouter dans un bel euphémisme: «J'ai l'impression que les gens de 40-50 ans qui devraient être aux responsabilités aujourd'hui ne sont pas en surnombre!»Invité à s'exprimer sur la crise qui secoue son parti, le bouillant Josef Zisyadis ne souhaite pas prendre de position publique. Non sans pouvoir s'empêcher, à sa manière, d'en dire long: «Quand j'ai quitté le parti, j'ai dit que je ne viendrai pas leur donner de leçons. Bien sûr que cette situation me dérange. Je connais les solutions, mais je n'ai aucune envie de les proposer à mes camarades, parce que si je devais leur parler, ce serait pour leur dire: vous avez vu ce que vous avez fait là? C'est idiot!»

«Un discours à renouveler

Pour le politologue lausannois René Knüsel, le parti popiste est confronté à de grands enjeux. Ceux-ci ne remettent néanmoins pas en cause sa survie.

Le POP peut-il survivre à la succession de grandes personnalités comme Zisyadis, Vuilleumier, Huguenin, etc?
René Knüsel: C'est vrai le POP s'est construit avec de grandes personnalités rassembleuses. Mais ce parti est coutumier des crises, et autour de Zisyadis lui-même un peu le vide s'est fait. Mais je suis convaincu que ce parti a encore un avenir, même s'il est très vraisemblable que sa visibilité politique va s'amenuiser.

Quels enjeux doit-il donc surmonter?
Au-delà des personnes, sa principale difficulté est d'actualiser son discours par rapport aux enjeux d'aujourd'hui. Nous ne sommes plus dans un contexte de Grand Soir où la confrontation entre modèles de société prévaut. Tout cela alors que le monde ouvrier, moins nombreux au plan démographique et constitué d'un nombre plus conséquent d'étrangers, vote moins. 

Quels sont les éléments qui vous rendent optimiste quant à sa pérennité future?
Une certitude: il y a une place pour cette formation sur l'échiquier politique vaudois. Et puis ce qui est propre au POP, sur Vaud mais aussi sur Neuchâtel, c'est son activation sociale, c'est à dire toutes les permanences que ce parti organise depuis très longtemps. Ce travail social lui confère une belle audience populaire. CA