«L'initiative sur la protection contre le tabagisme passif ne sert absolument à rien. Il existe déjà une loi fédérale sur la question. Pourquoi vouloir tout remettre en question aujourd'hui? C'est saboter la démocratie», clame Michel, 50 ans. Ce Lausannois votera non le 23 septembre prochain. Et pourtant il est non fumeur.Comme Michel, les opposants à l'initiative «Protection contre le tabagisme passif», lancée par la Ligue pulmonaire, mettent en avant l'inutilité d'une telle démarche. «Cette initiative a été lancée deux semaines seulement après l'adoption de la loi fédérale actuellement en vigueur et ne repose sur aucun compromis. Cet alourdissement de la bureaucratie doit être rejeté, d'autant plus qu'il n'améliore d'aucune manière la situation actuelle», clament-ils.
Loi déjà en vigueur
Le Parlement a en effet adopté, en octobre 2008, une loi fédérale sur la protection contre le tabagisme passif qui est entrée en vigueur en mai 2010. Elle a permis d'améliorer considérablement la protection de la santé en interdisant la fumée dans les espaces fermés qui sont accessibles au public ou qui servent de lieu de travail à plusieurs personnes. Elle prévoit des exceptions, notamment pour les restaurants. Ces derniers peuvent, à certaines conditions, être dotés de fumoirs, voire rester des établissements fumeurs s'ils font moins de 80 m2; des employés peuvent en outre y assurer le service s'ils ont donné leur accord. Elle laisse la porte ouverte aux cantons qui le souhaitent d'adopter une réglementation plus stricte. A l'exception du Jura, tous les cantons romands l'ont fait en interdisant tout établissement fumeur ainsi que le service dans les fumoirs.
La santé d'abord
Pas suffisant pour la Ligue pulmonaire qui a lancé l'initiative «Protection contre le tabagisme passif». Soutenus par les milieux de la santé et la gauche, elle entend généraliser la loi en vigueur dans le canton de Vaud à l'ensemble de la Suisse.«C'est une question de santé publique. Il est important de protéger les travailleurs qui sont encore exposés à la fumée passive. Aujourd'hui, en tant que médecin, je ne peux pas accepter que des gens voient leur santé mise en péril contre leur gré sous prétexte que la liberté individuelle prime. La loi fédérale actuelle prévoit que les employés exposés dans les fumoirs avec service ou les établissements de petite surface doivent donner leur accord. Ceci est une hypocrisie», relève le pneumologue Alain Sauty, président du Groupement des pneumologues vaudois.La même protection pour tous, tel est le credo des initiants. «Ce n'est pas une chasse aux fumeurs mais il est indispensable de poser des garde-fous. Le but est de veiller à l'application des normes de protection minimum sur tout le territoire national selon le principe élémentaire de la priorité à l'innocent. Prétendre qu'il faille laisser cette responsabilité du ressort des cantons c'est négliger le fait que nous avons affaire à un problème de santé publique majeure», estime pour sa part François Meylan, secrétaire politique du PDC vaudois.
Libertés individuelles bafouées
Du côté des opposants à l'initiative, les milieux de la restauration et le monde économique, on crie au bafouage des libertés individuelles. Le municipal radical lausannois Olivier Français s'est engagé activement dans la campagne. Coprésident du comité «Contre l'interdiction absolue de fumer», il estime que l'on ne peut pas tout mettre dans la Constitution, qu'il faut laisser une marge de liberté individuelle.Alors que les derniers sondages pronostiquent la défaite de l'initiative (lire encadré), Grégoire Vittoz porte-parole du comité «Protection contre le tabagisme passif» dénonce une campagne d'opposition virulente. «Il y a beaucoup de contre-vérités. Affirmer que nous voulons interdire de fumer en plein air ou même interdire les fumoirs est absolument faux!, s'exclame-t-il. Nous demandons juste une harmonisation de la loi au niveau national».
D'autres priorités
Le fédéralisme à tout prix? «Cette initiative n'a pas lieu d'être. Il y a d'autres projets qui nécessiteraient des avancées bien plus importantes», estime pour sa part Nicolas Tripet, secrétaire général du PLR Les Libéraux Vaud. A force de revenir avec des sujets qui ont déjà été soumis au peuple, on discrédite le pouvoir public et on démobilise les citoyens».