Vaud lance le dossier médical sur internet

  • Alors que Genève expérimente à grande échelle un projet de dossier médical électronique, Vaud avance à petits pas.
  • Un projet de loi en consultation prévoit la mise en place d’un dossier réservé aux malades chroniques et limité aux médicaments prescrits. 
  • A terme, chaque patient vaudois pourra, s’il le souhaite, disposer d’un dossier numérique consultable en ligne.

  •  Première étape: un dossier réservé aux malades chroniques. DR

    Première étape: un dossier réservé aux malades chroniques. DR

Une urgence de santé qui met en danger votre pronostic vital et qui ne vous laisse pas le temps d’expliquer votre cas au personnel de santé... Un passé médical si complexe qu’à chaque fois il vous faut une bonne demi-heure pour l’expliquer à votre interlocuteur... Et si tout cela appartenait bientôt au passé? L’informatique et le cloud permettent en effet de stocker en ligne vos principales données médicales, celles-ci devenant accessibles en tout temps.

Un plus énorme pour le personnel de santé qui peut ainsi avoir accès instantanément à l’ensemble de vos données médicales, limitant aussi bien le risque de passer à côté d’importantes informations vous concernant, que celui de faire pratiquer en double des examens déjà effectués.

Approche progressive

Incontestablement, le dossier médical électronique comme outil de coordination des soins a de beaux jours devant lui et un projet de loi fédérale prévoit de l’instaurer dans les années à venir, à charge ensuite pour les cantons de mettre en place le processus et les conditions cadre de sa mise en place. A Genève, où la cyberadministration fait partie des choix stratégiques du canton, ce dossier est déjà une réalité et tout citoyen peut, depuis une année, s’inscrire sur le site mondossiermedical.ch et y créer son dossier médical.

Dans le canton de Vaud, on se hâte plus lentement. Non pas que l’on soit opposé au projet, loin s’en faut, mais parce que l’on privilégie une approche différente et nettement plus progressive.

Le projet pilote prévoit ainsi la mise en place d’un Plan de médication partagée, destiné uniquement aux patients souffrant de maladies chroniques et qui centralisera, pour chacun d’entre eux, la liste des médications prescrites.

«Nous souhaitons nous appuyer sur les expériences en cours, explique Pierre Valentin, responsable des systèmes d’information en santé à l’Etat de Vaud. Nous reprenons ce qui a été fait à Genève, mais sur un périmètre plus restreint, avec un projet-pilote d’échange sécurisé d’informations au travers d’une plate-forme qui aboutira au dossier électronique.»

A terme, le projet pilote pourrait être étendu à l’ensemble des patients vaudois qui le souhaiteraient et ouvert à l’incorporation de nouvelles données, comme par exemple les examens complémentaires ou les rapports d’hospitalisation.

Au centre du dispositif, le patient bien sûr, qui décidera d’une part de l’opportunité ou non de disposer d’un dossier électronique et d’autre part des différents niveaux de confidentialité, paramétrant lui-même les niveaux des accès qu’il accordera aux différents prestataires de soins.

Sécurité des données

Reste une question cruciale, qui se pose d’ores et déjà, celle de la sécurité des données, aussi bien pour leur stockage que pour leur transmission cryptée. Pour cette phase pilote, le canton de Vaud a fait appel au prestataire auquel a déjà recours Genève, la Poste suisse.

«La confidentialité est historiquement bel et bien au cœur du métier de la Poste, observe Pierre Valentin. Et pour avoir visité leur Data Center à Zurich, je peux vous dire qu’ils sont très professionnels».

Pour l’heure, le projet est subordonné à l’avancement du processus législatif, afin d’adosser le projet à une base légale. Un projet de loi a ainsi été mis en consultation en juin dernier et une nouvelle version améliorée va être soumise au Conseil d’Etat. Si le processus se poursuit de manière favorable, une loi devrait être votée en 2016, pour une mise en application en 2017.