Zones 30 KM/H - On achève bien nos commerces

- Les élus lausannois se pencheront prochainement sur la motion du PS demandant la généralisation des 30km/h au centre-ville.
- Cette mesure inquiète surtout les commerçants qui n'en veulent pas.
- Pour un secteur qui redoute les futurs chantiers de la Petite Ceinture lausannoise, c'est la mesure de trop!

  • Le PS lausannois souhaite généraliser les 30km/h partout au centre-ville.

    Le PS lausannois souhaite généraliser les 30km/h partout au centre-ville.

Limiter la vitesse à 30 km/h dans toute la ville. Une situation idéale pour certains, un mauvais rêve pour d'autres. Dans une motion déposée en décembre 2011, la gauche entend généraliser les zones à 30 km/h à l'intérieur de la petite ceinture lausannoise pour diminuer les nuisances sonores. L'idée a fait bondir la droite et plusieurs groupes d'intérêts dont la Fédération patronale, le TCS et les commerçants lausannois. En avril 2012, ils ont présenté un rapport du bureau d'ingénieurs Swisstraffic contestant l'efficacité de la mesure. Depuis, les positions n'ont pas changé. Bien au contraire! Chacun affûte ses arguments en vue du débat au Conseil communal qui s'annonce pour la fin du mois de mars.Du côté des commerçants, le projet de zone 30 km/h au centre-ville est davantage qu'un mauvais rêve. Ils le voient comme un cauchemar. «Au niveau de la fluidité du trafic, ce serait une catastrophe! L'accès à la ville est déjà très compliqué aujourd'hui, il le sera encore plus avec des zones 30», lance Pascal Barone. Cet opticien installé à la rue Pépinet voit cette motion comme un frein pour les commerçants.

La mesure de trop

Pour Claude Jutzi, directeur de la bijouterie Bucherer et président de l'Association des commerçants de St-François et de la rue de Bourg, tout dépend des secteurs: «Autant je suis favorable à une circulation réduite dans les zones résidentielles, autant je vois cette mesure comme une encouble au centre-ville».De nombreux commerçants redoutent les futurs chantiers liés à la construction du tram au Flon et de la nouvelle ligne de bus entre le Grand-Pont et Chauderon ainsi que les nouveaux aménagements routiers de la Petite Ceinture. Pour eux, cette initiative de zones 30 est la mesure de trop. «Tout ce qui empêche l'automobile et le chaland de venir en ville va à l'encontre de la survie des commerces! Avec les Axes forts et les travaux qui pointent le bout de leur nez, ce n'est pas le moment d'ajouter des zones 30 en ville. Soyons sérieux!», tonne Martine Fiora-Guttmann, présidente de la Société coopérative des commerçants lausannois.

Perturbations supplémentaires

Au centre-ville à l'heure de pointe, difficile pour un automobiliste de rouler à plus de 25km/h tant le trafic est dense. Instaurer des zones 30 ne changerait pas une situation qui existe déjà. A l'instar de Claude Jutzi, beaucoup estiment que ce projet ne fait que renforcer le sentiment que l'automobiliste est une vache à traire: «Ce serait un nouveau moyen de le ponctionner en installant des radars». Quant à l'argument selon lequel réduire la vitesse de circulation au centre-ville engendrerait une hausse de clients pour les commerces, Claude Jutzi n'y croit pas du tout: «C'est une utopie! Cette mesure n'engendrera même pas de baisse de trafic, ce sera seulement un élément perturbateur de plus dans les déplacements à Lausanne».

Mission impossible?

Du côté des motionnaires, on met notamment en avant la réduction du bruit et les avantages de la mobilité douce. Si le directeur de la bijouterie Bucherer est convaincu par les transports publics, il regrette cependant que l'on ne mise pas sur un renforcement des liaisons en fin de journée, plutôt que sur des zones 30 qui engorgeraient davantage le trafic.Pour Pascal Barone, le mix voiture-transports publics doit être maintenu à qualité égale car une bonne partie des citoyens préférera toujours la voiture pour se déplacer. «Celui qui va acheter un pull chez H&M vient peut-être en deux-roues ou en bus à Lausanne mais vous imaginez un client venir à vélo au centre-ville pour acheter un sac Hermès?», résume-t-il.Quant à Claude Jutzi, il conclut avec ironie: «Je croirai à la mobilité douce à Lausanne quand je verrai le syndic Daniel Brélaz monter le Petit Chêne à vélo!»