Aberrant, atterrant et indigne!

Appelons-la Julie. Elle a 20 ans. Depuis quelques mois, cette jeune femme brillante doit vivre calfeutrée chez elle et se retrouve dans l’impossibilité de poursuivre ses études. Pourquoi? Parce qu’elle est Syrienne, vit à Damas et que Damas, capitale d’un pays en guerre, est aujourd’hui une ville où espérer étudier, quand on est une femme, est chose impossible. Trop de risques: celui d’être enlevée, violée, voire assassinée.

Par chance, Julie a de la famille en Suisse. Une tante qui vit à Lausanne où elle a enseigné durant des dizaines d’années à l’université. En toute logique, cette dernière a déposé une demande pour que sa nièce puisse y poursuivre ses études, en fournissant au passage toutes les garanties nécessaires à son séjour ainsi qu’à son retour au pays une fois ses études terminées.

Verdict du canton: oui, bien sûr! En toute logique et... intelligence! Verdict de Berne: non! Le Secrétariat d’Etat aux Migrations (SEM) s’interroge sur «l’opportunité d’entreprendre en Suisse les études envisagées» - on croit rêver! - et, sur l’impossibilité de pouvoir un jour «procéder à un rapatriement sous contrainte». Fabuleux! A cause de la guerre, la Suisse admet de nombreux requérants d’asile syriens et, aujourd’hui, le SEM refuse à une étudiante de ce même pays de l’accueillir en raison de la difficulté qu’il y aurait de l’y renvoyer à cause... de cette même guerre! Une décision aberrante, atterrante et indigne de notre pays! (lire notre article)