Demain, le retour des fiches?

Va-t-on, au nom de notre sécurité collective, devoir réhabiliter les célèbres fiches qui dans notre pays ont prévalu durant la Guerre froide? A voir la tournure que prend la situation sur le front de la lutte antiterroriste, la question est loin d’être incongrue, même si chez nous, aucune législation spécifique n’est à l’ordre du jour (lire notre dossier).

«Patriot Act» à la Suisse ou pas, tout laisse à penser qu’au nom de la sécurité collective, il va nous falloir de toutes façons renoncer à une large part de nos libertés, nos comportements aussi bien dans la vie ordinaire que sur le web étant appelés à faire l’objet d’une surveillance permanente. Longtemps porté aux nues, le concept même de vie privée s’envole donc en fumée, aujourd’hui sous les coups de boutoir de la technologie (pistage sur le web, vidéosurveillance, etc.), demain sous le poids de législations qui autoriseront le recours à ces technologies sur une grande échelle. Cible nommément désignée du totalitarisme islamiste, la Suisse aurait évidemment tort de se tenir en marge de toute disposition qui lui permettrait de protéger son territoire et sa population. Reste à espérer qu’avec les spécificités de sa démocratie directe, sa culture des libertés individuelles et son attachement aux compromis pragmatiques, elle saura, mieux que sous d’autres latitudes, trouver le juste équilibre entre lutte antiterroriste et préservation des valeurs démocratiques.