Le triomphe du bon sens

Pas facile parfois de concilier liberté individuelle et intérêt général. La démarche du Conseiller d’Etat Philippe Leuba, grand libéral devant l’Eternel, consistant à vouloir modifier la Loi sur les auberges et les débits de boissons, en est une preuve flagrante.

A la demande de la Municipalité de Lausanne, qui veut à tout prix pacifier les nuits de la capitale vaudoise, il a récemment proposé un projet de loi qui vise notamment à interdire la vente de bière et d’alcools forts à l’emporter entre huit heures du soir et six heures du matin. Quand on sait que les achats-tests effectués l’année dernière dans le canton ont démontré que près de 80% des jeunes de moins de 18 ans avaient pu s’en procurer facilement, on comprend la volonté des autorités de vouloir reserrer les boulons. Non seulement pour protéger ces jeunes d’eux-mêmes, mais aussi pour assurer à tous les citoyens responsables, noctambules ou autres, de pouvoir jouir en toute quiétude et sécurité de leur ville. Tant il est vrai qu’une consommation d’alcool non maîtrisée conduit souvent aux pires excès.

On ne fonde certes pas une politique de prévention sur des interdictions, comme se plaisent à le rappeler les jeunes libéraux-radicaux vaudois qui ont lancé une pétition contre ces mesures et leur propre ministre. Mais dans le cas présent, l’intérêt général prime incontestablement sur la liberté individuelle. Le nier, c’est au minimum être incapable de faire preuve de bon sens.