Un accueil en demi-teinte

Que faire des toxicomanes et des marginaux? Comment les prendre en charge et leur donner une chance de réinsertion? Depuis longtemps, ces questions hantent tout à la fois les nuits des services sociaux et le landerneau politique lausannois. Plus encore depuis le non des citoyens, en 2008, à la création d'un local d'injection et à la vision apocalyptique que constitue la Place de la Riponne à certaines heures du jour et... de la nuit.

Au début du mois de novembre dernier, au terme de cinq ans de réflexion, Oscar Tosato présentait sa solution pour tenter de résoudre le problème: la création de deux lieux d'accueil, l'Espace et la Terrasse, le premier appelé à recevoir les plus démunis, le second les toxicomanes, même si souvent les genres se confondent. Une solution en forme de compromis destiné à calmer les esprits et à aller de l'avant.Ouvert depuis le début du mois de décembre aux personnes démunies, l'Espace fonctionne plutôt bien (lire en page 5). Mais, paradoxe, il n'a pas réduit pour autant la présence des marginaux et des toxicomanes sur la place de la Riponne. L'ouverture de la Terrasse y contribuera-t-elle? On peut en douter en sachant qu'un espace spécifique accueille déjà les toxicomanes à la rue St. Martin. Bref, si on peut se réjouir de voir que la Ville ne reste pas insensible à la détresse humaine, on peut s'interroger aussi sur son incapacité à redonner à la place de la Riponne son aspect d'antan. À moins que le salut ne vienne finalement de Grégoire Junod et de sa volonté de réinvestir l'espace public, en dépêchant davantage de patrouilles à pied au centre-ville.