Chailly au bord de l'asphyxie

CHANTIER • Étranglés par les travaux, les commerçants de Chailly en appellent à la Municipalité, qui leur oppose une fin de non-recevoir.

  • Les commerçants de Chailly n'en peuvent plus des travaux qui asphyxient leurs commerces. KOTTELAT

    Les commerçants de Chailly n'en peuvent plus des travaux qui asphyxient leurs commerces. KOTTELAT

C'est clair: ils sont au bout du rouleau! Les commerçants de l'avenue de Chailly n'en peuvent plus. Les travaux liés au chantier, entamés il y a un peu plus de 4 mois, plombent leurs chiffres d'affaires. Et pas qu'un peu. Certains magasins rapportent même des chutes drastiques de 30%, voire plus. Au point que certains d'entre eux envisagent même de licencier purement et simplement une partie de leur personnel.Ainsi, le restaurant Au Charbon, qui affiche une baisse de 50% de son chiffre d'affaires annonce déjà deux licenciements pour la fin du mois, et d'autres pourraient bien suivre d'ici la rentrée.«Chailly est un peu le cobaye des futurs Axes forts, déplore Guy Gaudard, le président de l'Association des commerçants de Chailly. Les travaux vont ensuite évoluer vers le Grand-Pont, les Terreaux, et il n'y a aucun doute les problèmes vont se multiplier au fur et à mesure que l'on va se rapprocher du centre-ville».Ces problèmes, l'association a tenu a les faire connaître à la Municipalité, via un courrier recommandé adressé le 12 juin dernier au Service des Routes et de la Mobilité. Principal grief, la lenteur des travaux, dictée selon eux par le prestataire, «un conglomérat d'entreprises de génie civil» qui «planifie les interventions», alors qu'il incombe à la ville de «préserver les intérêts économiques des commerces locaux».

Fermeture l'été?

«Nous ne sommes pas contre les travaux d'intérêt général, et la ville nous a écoutés, tient à souligner Guy Gaudard. Mais nous avons vraiment l'impression que les entreprises concernées ont du mal à aller de l'avant».«Le planning est dicté par le Conseil communal et mis en œuvre par la municipalité, explique Olivier Français, le Municipal en charge des Travaux. C'est donc le politique qui est à l'écoute des demandes des habitants. Ces derniers ont reconnu l'utilité des travaux, tout en demandant la garantie de place de parcs et l'exploitation en l'état de la ligne de bus. Or, ce sont deux contraintes qui ont un impact important sur le planning du chantier et, bien sûr, sur les coûts».L'autre crainte exprimée par les commerçants est incontestablement la fermeture pure et simple du chantier durant l'été, une période au cours de laquelle nombre d'entre eux espèrent pouvoir limiter la casse en travaillant au maximum. Une inquiétude totalement infondée, selon Olivier Français, qui rappelle avec fermeté que «le contrat avec l'entreprise spécifie qu'il n'y a pas d'arrêt durant l'été».Demeure cependant une doléance, cardinale pour les commerces: l'éventuelle mise en place de mesures d'accompagnement financières destinées à limiter les pertes d'exploitation liées aux travaux. «Nous avons un fonds pour le développement durable, un fonds pour le 700e anniversaire de la Confédération, et bien d'autres encore. Pourquoi ne pas mettre en place un fonds de péréquation pour les commerçants destiné à prendre par exemple en charge une partie des charges sociales ou des salaires. Cela pourrait sauver bien des emplois», suggère Guy Gaudard, qui annonce le dépôt imminent d'une motion en ce sens au Conseil communal de Lausanne.

Une indemnisation? C'est niet!

Pour la Municipalité , il est hors de question, d'une manière ou d'une autre, de prévoir une quelconque indemnisation pour les commerçants lésés par les travaux. «Il est exclu de répondre à cette demande, annonce Olivier Français. Nous exécutons des travaux d'intérêt public avec des moyens financiers publics. L'entretien d'un bien collectif profite à la collectivité et donc à l'économie privée. Celle-ci peut réclamer des dédommagements dans le cas où la collectivité n'entretiendrait pas le patrimoine public, comme ce fut le cas il y a peu quand des conduites d'eau potable ont endommagé des commerces suite à des ruptures répétées. A l'inverse, devons-nous demander à la collectivité une plus value aux propriétaires fonciers et exploitants de commerces le long du m2 ??»