L'apparition de quelques rayons de soleil entrainent simultanément chez l'humain l'apparition d'un sourire niais et d'une candeur à toute épreuve. A croire que la chaleur a un tel pouvoir hypnotique qu'elle transforme le plus farouche des consommateurs en inoffensif volatile prêt à se faire plumer. Les premiers à en profiter sont certainement les vendeurs de glaces soi-disant « artisanales » et « faites maison ». Bien souvent, la fameuse maison dans laquelle sont confectionnés ces bombes chimiques est en fait une gigantesque usine dans un pays étranger et la seule chose qui y est artisanale est le lavage des cuves. Malgré cela, la mère de famille qui scrute pourtant chaque étiquette dans les centres commerciaux, distribue joyeusement ces cornets de glace frelatée à ses gamins et glisse quelques billets jaunes à l'étudiant qui sue dans sa cabane en bois.
La Mecque de la petite arnaque estivale reste sans aucun doute la terrasse au bord de l'eau. Elle génère une telle fascination sur le gogo en mal de détente qu'il devient même possible de lui vendre un misérable cocktail composé de deux schlouks de Granini et d'une giclée de mauvais alcool pour 20 francs, au moins. Le client trouve ça dégoûtant, évidemment, mais il se contente de dire à celui qui l'accompagne: « On ne va pas se plaindre, il y a le soleil ! ». Enfin, le must de la saison estivale au bord du Léman reste évidemment le pédalo. Une activité particulière qui coûte quasiment le prix d'un aller-retour en Espagne et consiste à déplacer 100 kilos de plastique afin de fuir la foule pour finalement se retrouver au milieu d'une masse de touristes qui pédalent en short. Vivement la neige, qu'on se remette à réfléchir.