Eglise Saint-Laurent: l’ultime lieu de refuge?

OCCUPATION • En accueillant des réfugiés érythréens au sein de leur maison de paroisse, les deux pasteurs de l’Eglise Saint-Laurent remettent au goût du jour une fonction traditionnelle des églises: être un ultime lieu de refuge!

Voilà plus de deux semaines que des migrants squattent la salle de la paroisse Saint-Laurent à Lausanne. Erythréens et Ethiopiens, ils sont menacés de renvois et ont débarqué à la fin d’une messe avec quelques banderoles et leurs matelas.

Contre la hiérarchie

«Ils avaient inscrit EGLISE OCCUPEE sur leurs banderoles, mais très rapidement nous leur avons expliqué que nous n’étions pas d’accord avec ce slogan puisque nous sommes très proches de leurs idées», explique Jean Chollet. Avec son collègue pasteur, il défraie régulièrement la chronique grâce à des opérations provoc au sein de sa paroisse. «Cette fois, c’est nous qui avons été victime d’une opération culotée, nous ne pouvions qu’être admiratifs», ajoute-t-il. Une admiration que ne partage pas le Conseil Synodale, l’instance suprême des églises reformées. Ce dernier a estimé que les méthodes des réfugiés étaient «inacceptables», mais a laissé Jean Chollet et son collègue, les deux enfants terribles de l’église reformée vaudoise, adopter le comportement qu’ils souhaitaient.

A double tranchant

«Nous savons que les autres églises n’auraient pas accepté ces requérants, mais nous avons la vocation d’être une paroisse différente et nous revenons là à l’un des rôles premiers de l’Eglise», se justifie le dynamique pasteur de Saint-Laurent. Les autorités, quant à elles, auraient promis qu’elles ne viendraient pas chercher les requérants dans l’église. Tout indique donc que l’occupation va se prolonger. Le danger serait évidemment que cette paroisse devienne le lieu d’accueil de tous les requérants désespérés qui devront ensuite s’abstenir d’en sortir sous risque de se faire arrêter. Une situation qui mettrait évidemment les pasteurs de Saint-Laurent dans une posture aussi compliquée que politiquement engagée. Cela dit, ce rôle délicat n’effraie pas du tout les deux compères: « Je crois que ça n’étonnera personne de découvrir que nos idées sont plutôt à gauche et proches de celles et ceux qui ont besoin de notre aide!» D’ailleurs, nous soufflent-ils, les paroissiens seraient très heureux de pouvoir appliquer un concept dont on parle beaucoup dans les prêches mais que l’on voit trop peu dans la pratique: la solidarité.