La future gare se fera-t-elle aux dépens des loyers modérés?

GARE CFF • Alors que les CFF ont pour mandat de faire fructifier leur patrimoine selon les critères du marché, le futur réaménagement de la gare suscite des inquiétudes pour le maintien de logements abordables. La Municipalité rassure et agit pour préserver les équilibres du quartier.

Peu de gens le savent: les CFF ne font pas que transporter des voyageurs, ou des marchandises. Ils sont aussi propriétaires fonciers et immobiliers. Et parmi les plus importants du pays, avec parfois des parcelles qui n’ont pas de lien direct avec les activités ferroviaires.

Ainsi, pour l’ex-régie fédérale, le mandat fixé par le Conseil fédéral ne souffre d’aucune ambiguïté: obtenir de ces surfaces un rendement conforme «aux habitudes du marché». Un objectif affiché de rentabilité qui, à Lausanne, suscite de grandes inquiétudes, la gare et ses alentours étant engagés dans un gigantesque chantier de rénovation et d’élargissement.

Interpellation

Ces inquiétudes ont d’ailleurs poussé le socialiste Denis Corboz à déposer une interpellation auprès du conseil communal lausannois. Fait remarquable, et révélateur de l’inquiétude qui prévaut: l’interpellation est co-signée par les représentants de tous les partis, à l’exception notable de l’UDC. «Que l’on réaffecte ses parcelles à des logements haut standing sans aucun commerce me pose problème, explique le conseiller communal. A l’inverse, qu’on les destine uniquement à des logements bon marché me pose également problème. Mon interpellation ne cherche pas à faire polémique, c’est la raison pour laquelle elle a fait consensus».

Et d’ajouter: «Le moment est venu de lancer le débat. Notre première intention est de savoir ce que la Municipalité entend faire pour préserver le petit commerce et le logement pour les classes moyennes».

«La Municipalité est en discussions avec les CFF sur tous les aspects liés à l’agrandissement de la gare», réagit Grégoire Junod, Municipal en charge du logement. On doit veiller à préserver des logements à loyer abordable dans ce secteur et à garantir les équilibres du quartier». Dans le préavis 33/2014, consacré au premier volet des études du Pôle Gare-Léman 2030, la Municipalité a ainsi clairement annoncé la couleur, demandant explicitement qu’au moins une partie des logements démolis en raison de l’agrandissement de la gare soient compensés par la création de nouveaux logements à loyer modéré.

Démarches

Et ce n’est pas tout. Un certain nombre de démarches ont d’ores et déjà été entamées. «La Ville a fait l’acquisition de plusieurs immeubles entre la rue du Simplon et le Boulevard de Grancy, ajoute Grégoire Junod. Ma direction s’est également impliquée dans la signature d’une convention avec les CFF et l’association des riverains pour permettre le relogement des habitants dont les immeubles seront détruits. Sans compter que d’autres options sont actuellement en discussion!»