Les commerçants de la Sallaz serrent les dents

TRAVAUX • Les travaux toujours en cours à La Sallaz plombent l’humeur des commerçants qui oscillent entre espoir et résignation.

  •  Le calvaire continu pour les commerçants comme pour les habitants de La Sallaz. Verissimo

    Le calvaire continu pour les commerçants comme pour les habitants de La Sallaz. Verissimo

«Encore deux ans à tenir, je prends mon mal en patience», lance d’un air dépité le tenancier d’un des cafés qui jalonnent la place de la Sallaz. A l’image de nombreux autres commerçants du quartier, il n’en peut plus des travaux de réaménagement en cours sur la zone depuis une année.

Des travaux qui n’en finissent pas et provoquent tout à la fois de la colère et de la lassitude, mais aussi une certaine torpeur dans la quartier. Moins certes sur sa partie sud, presque totalement achevée, où le calme semble régner et où une série de tilleuls ont été plantés. «C’est plus joli qu’avant et plus convivial, constate la patronne d’un salon de coiffure. Il y a davantage de passage et plus de gens viennent s’y promener. »

Manque de coordination

Mais on ne peut pas en dire autant de la partie nord, où le gros des travaux bat son plein. Les aménagements réalisés par la Ville de Lausanne devraient être terminés pour la fin de l’année.

En revanche, le lancement des travaux de construction et de rénovation d’immeubles réalisés par un fonds d’investissement appartenant à UBS a été retardé suite à une série d’oppositions. Ils viennent de débuter et ne seront pas achevés avant la fin 2016. Résultat: les travaux d’urbanisme et immobiliers décalés, et des habitants et des commerçants qui en pâtissent plus longtemps.

«La mutation d’un quartier ne se fait pas du jour au lendemain, pondère Olivier Français, chef de la Direction des travaux de la Ville de Lausanne. La création d’un espace de vie demande du temps. La collaboration entre commerçants, sociétés locales, acteurs de la construction et la Ville joue d’ailleurs un rôle déterminant dans la réussite d’un projet de cette ampleur. »

Des affaires difficiles

En attendant, le bruit, la poussière et les difficultés d’accès aux commerces ne favorisent pas les affaires. D’autant plus que depuis que la place est piétonne, la plupart des commerces dépendent principalement d’une clientèle d’habitués. «D’un côté, je suis content qu’il y ait des rénovations, ce sera plus agréable après. Mais pas pour une durée aussi longue, déclare un restaurateur. Les clients risquent de changer leurs habitudes. A ce moment-là, c’est mission impossible pour les faire revenir.» Il parle d’une baisse de 30% de son chiffre d’affaires.

Même l’Association des commerçants de la Sallaz a suspendu ses activités. «Avec ces travaux, on ne peut rien entreprendre pour animer la place et faire revenir les gens», déplore le gérant du kiosque Naville, un membre actif de l’Association.

Pour son président, Pierre-Alain Herdé, également propriétaire d’une lunetterie, l’aménagement des accès en voiture à la place est déterminant pour le retour des chalands.

Plus de deux ans après le coup d’envoi des travaux, les commerçants de la place de la Sallaz tirent la langue. Le retour des beaux jours encouragera-t-il les habitants du quartier à surmonter les nuisances et à fréquenter leurs commerces? Question pour l’heure sans réponse!