L’inquiétude des Juifs de Lausanne

TERRORISME • Depuis les attentats de Charlie Hebdo, la communauté juive de Lausanne est inquiète. La police affirme avoir pris toutes les mesures nécessaires.

  • La synagogue de Lausanne. DR

    La synagogue de Lausanne. DR

Ce n’est pas la grande frayeur, loin de là. Mais une sourde inquiétude qui s’exprime par des regards qui se ferment, des longs silences. Depuis les attentats de Charlie Hebdo en France et ceux de Copenhague il y a dix jours, la communauté juive de Lausanne est inquiète, et certains témoignages font état, et c’est un euphémisme, d’un «malaise» évident. Et pour cause, la communauté juive a été la cible privilégiée des attentats terroristes que l’Europe a connu ces dernières mois.

A la CILV, la Communauté israélite de Lausanne et du canton de Vaud, on se montre - signe d’une inquiétude manifeste? - peu bavard et il ne nous a pas été, malgré de multiples appels, possible de recueillir la moindre réaction officielle.

«Evidemment inquiets»

«Nous ne sommes pas touchés comme nos frères de Paris ou du Danemark, observe néanmoins Lionel Elkaïm, le rabbin de la Communauté israélite de Lausanne, mais nous sommes évidemment inquiets. Et à double titre: pour notre communauté bien sûr, mais évidemment pour l’Europe entière, de crainte qu’elle ne retombe dans les terribles extrêmes qu’elle a connus».

Et d’ajouter: «Même si en Suisse on se sent moins en première ligne, nos craintes ne sont pas infondées. Je rappelle qu’il y a trois ou quatre ans, à Lausanne même, mon assistante a été maltraitée dans la rue. Heureusement, je demeure optimiste car l’Histoire juive nous enseigne à être optimiste et confiant en l’homme et en l’avenir».

Un optimisme que ne partage pas Rolf Bloch, l’ex-président de la Communauté israélite de Suisse qui dimanche dernier sur les ondes de la RTS craignait la résurgence «d’une nouvelle tendance anti-juive sans visage».

«Ce n’est pas l’ancien antisémitisme qui se réveille à nouveau mais c’est une tendance anti-juive de certains, a-t-il expliqué. Sa particularité est d’être au fond une menace qui n’a pas de visage».

«Même si en Suisse nous pouvons avoir un relatif sentiment d’insouciance, l’expérience des deux dernières décennies montre que nous ne sommes pas à l’abri et qu’il n’y a pas de profil particulier de terroriste, renchérit le rabbin Elkaïm. La menace peut venir de tous les milieux, qu’ils soient défavorisés ou non».

Contacts pris

Du côté de la police cantonale vaudoise, on affirme avoir pris la mesure de la situation. «Evidemment, nous ne donnons pas de détails sur les mesures de sécurité, lance Philippe Jaton, son porte-parole. Mais d’une manière générale, des échanges et des contacts sont établis avec les institutions et les personnes concernées et beaucoup de choses se font face à cette situation particulière, aussi bien au niveau cantonal que communal».