Quand le Routard boude Lausanne

EDITION • Alors que le célèbre Guide du Routard vient de consacrer une édition à Genève, son fondateur exclut la même démarche pour Lausanne. Et suscite l’incompréhension de Lausanne Tourisme.

Vous pensiez habiter dans une des villes les plus importantes de Suisse romande? Une ville capitale de son canton, connue pour la richesse de son architecture, de son offre culturelle, et de sa vie nocturne qui attire même des Genevois en mal de loisirs? Eh bien peut-être faisiez-vous fausse route!

C’est en tout cas ce que pense Philippe Gloaguen, fondateur du célèbre guide du Routard, rencontré à Genève à l’occasion du lancement, à 15’000 exemplaires tout de même, du dernier né de sa célèbre collection, intitulé «Genève, ville d’art et de culture».

A peine 40 pages

Questionné sur l’opportunité de consacrer une future édition de son guide à notre belle ville de Lausanne, l’homme a répondu, avec sa franchise coutumière: «Non, il n’est absolument prévu de sortir une édition lausannoise du Routard, a-t-il ainsi expliqué. Lausanne est vraiment trop petite, et avec l’offre culturelle qui y est actuellement disponible, on n’arrive même pas à rédiger une quarantaine de pages. Pas de quoi faire un guide, donc!»

Pas de quoi faire un guide, vraiment? Oublié le patrimoine architectural de Lausanne avec des monuments incontournables recouvrant plusieurs siècles d’histoire, oubliée sa vingtaine de musées dont, pour ne citer que ceux-là, celui des Beaux-Arts, ou celui de l’Elysée, à la réputation internationale. Oubliée la Compagnie Béjart, oubliée la capitale olympique siège du CIO, oubliées les galeries et la foison d’expositions proposées chaque année... Oublié son superbe quartier du Flon, son Mad, ses Docks, ses restaurants et bistrots pleins de cachet, ses concerts, ses théâtres, etc.

Steeve Pasche, directeur de Lausanne Tourisme, ne cache ainsi pas sa surprise: «J’avoue ne pas comprendre de tels propos, avoue-t-il interloqué. Il s’avère que d’autres éditeurs touristiques ont déjà édité leur guide sans remettre en cause la pauvreté du contenu, bien au contraire. Ils reconnaissent que la destination de Lausanne est très dynamique et diversifiée. Pour cela, je peux vous citer un guide Gallimard et le Petit Futé. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont plutôt épais!».

Genève subventionne

Ceci expliquant peut-être cela, la Ville de Genève de son côté, n’a pas lésiné à la dépense pour permettre la publication de «son» guide, puisqu’elle l’a «subventionné» à près de 60% (environ 70 francs) via, entre autres, l’achat de pages publicitaires par ses diverses institutions culturelles. Une démarche dont le retour sur investissement justifie la pertinence, selon les termes de Philippe Vignon, le directeur de Genève Tourisme qui souhaite attirer la clientèle française.

«Monsieur Gloaguen connaît certainement son métier d’auteur et d’éditeur, mais peut-être ne connaît-il pas vraiment Lausanne et sa région, observe Steeve Pasche. Je profite donc de cette occasion pour lui lancer une invitation ou à un membre de son équipe afin de leur faire découvrir notre magnifique région Peut-être pourrions-nous aussi envisager une future collaboration pour un nouveau guide sur Lausanne.»