Santé alternative: Lausanne en retard

POLÉMIQUE • Suite au débat lancé par Luc Recordon, un praticien au croisement entre médecine traditionnelle et naturopathie se dit agacé et veut rectifier certains propos.

  • L'intégration des médecines complémentaires dan sles milieux traditionels se fait attendre. DR

    L'intégration des médecines complémentaires dan sles milieux traditionels se fait attendre. DR

Interrogé par le journal Le Temps à la fin de l’année passée, Luc Recordon déplorait un retard lausannois dans l’intégration des médecines complémentaires au sein de milieux dits traditionnels. L’élu vert vaudois s’exprimait alors en tant que président de l’association RoMédCo œuvrant pour le développement et l’intégration des médecines complémentaires.

«C’est une pure citation de politicien, une appréciation personnelle qui ne repose sur rien», s’énerve Jean-Yves Henry, docteur en médecine, naturopathe et créateur du portail medecine-integree.com. «Que l’on soit à Lausanne ou à Zurich, de nombreux médecins traditionnels continuent de regarder comme des Papous les défenseurs de thérapies complémentaires!», souffle-t-il avant de conclure: «La raison de ces déclarations politiques est floue mais opposer les deux médecines, cliver les régions et traiter, comme il le fait, les médecins méfiants de vieux grognons ou de charlatans est tout simplement contre-productif.»

Un courroux qui vient aussi probablement du fait qu’avec de nombreux collègues, notamment lausannois, il œuvre depuis longtemps pour une meilleure reconnaissance des médecines alternatives.

Intégration difficile

Au téléphone, Luc Recordon tente tout d’abord de calmer le jeu concernant la qualification des médecins de «charlatans». Il explique avoir simplement voulu souligner qu’il est temps que les deux types de médecines, complémentaire et traditionnelle, s’ouvrent l’une à l’autre et qu’il désapprouvait tant la fermeture dans un sens que dans l’autre. Quant au retard dont il voulait parler, il s’agissait en fait de la création, il y a vingt ans, d’une chaire académique de médecine naturelle à Zurich et à Berne.

«Alors qu’ici, les choses se mettent trop gentiment en place depuis que le peuple a ancré l’intégration des médecines complémentaires dans la Constitution en 2009».

Une avance germanique qui pourrait aussi s’expliquer par une culture davantage naturaliste à l’image, par exemple, de certains remèdes traditionnels d’Appenzell, ajoute le président de RoMédCo.

Cours «bidons»

Autre point de désaccord entre les deux hommes, l’entrée de l’enseignement de la médecine complémentaire dans les cours des étudiants en médecine. Si Luc Recordon louait, dans les journaux, l’instauration de cette formation, Jean-Yves Henry est plus que sceptique : «Seulement 6h de cours sur l’ensemble du cursus, c’est de la poudre aux yeux. Et puisque c’est optionnel, il n’y a que trois touristes qui y vont.»

A ce sujet, le Conseiller national écologiste tient effectivement à repréciser ses propos. «Ce qui a été fait à Lausanne ne me satisfait pas, mais je trouve que c’est déjà très encourageant. J’apprécierais que, comme à Zurich ou Berne, nous puissions développer davantage l’intégration académique des médecines alternatives. Cela dit, je me réjouis que nous soyons plus avancés que Genève ou Bâle.»