Succession à Boulimie: le grand flou!

THEATRE • Si l'annonce n'est pas encore officielle, le syndic Daniel Brélaz confirme que ce seront bien Kaya Güner et Frédéric Gérard qui succèderont à Lova Golovtchiner et Martine Jeanneret à la tête de Boulimie. Mais ce qui devait être une simple formalité a pris des allures de psychodrame.

  • Lova Golovtchiner et Martine Jeanneret sont à la tête du théâtre Boulimie depuis 1970. DR

    Lova Golovtchiner et Martine Jeanneret sont à la tête du théâtre Boulimie depuis 1970. DR

La transition à la tête du Théâtre Boulimie de Lausanne devait se faire en douceur. Elle semblait réglée comme du papier à musique. Après 42 ans comme codirecteurs, Lova Golovtchiner et Martine Jeanneret avaient tout prévu. Tout… sauf l'intervention de la Ville de Lausanne qui, par le biais de son municipal Grégoire Junod, alors encore en charge de la culture, a tenu à être impliquée dans cette succession. Quand on sait en effet qu'elle subventionne le théâtre Boulimie à hauteur de 390'000 francs par an, soit près des deux tiers du budget, cela peut sembler légitime. «Boulimie est en mains d'une association, rappelle Lova Golovtchiner. Il revient donc au comité de cette association de prendre toutes les décisions concernant le théâtre. La nomination du directeur, y compris».Lova Golovtchiner aurait-il fait pression auprès des autorités communales pour imposer ceux qu'il a choisi comme successeurs? «Pas du tout! Il n'y a eu aucune pression. Nous avons associé la Ville à toutes nos démarches dès le départ», précise celui qui attend maintenant une annonce officielle de la Ville pour se prononcer.

Des couacs

Est-ce le changement de municipal à la tête de la culture ou une mauvaise communication entre les différents protagonistes qui a fait d'une simple succession un véritable psychodrame? Un peu des deux sans doute. «Rien n'est encore officiel, mais puisque certains se sont déjà permis de parler dans la presse, je m'autorise à le faire», lance d'emblée Daniel Brélaz, se référant aux propos du chef du service de la culture Fabien Ruf, parus dans 24 heures.

En douceur

Ce sont donc bien les humoristes Kaya Güner et Frédéric Gérard qui prendront la direction de Boulimie. «Il y a effectivement une priorité pour cette solution mais avec un contrat sur trois ans et des évaluations régulières durant leur mandat», confirme le syndic lausannois, qui vient de reprendre le dicastère de la culture. S'il affirme comprendre la volonté de la Ville d'ouvrir les postulations à tous, il rappelle lui aussi le statut d'association de Boulimie. «Nous n'avons pas à intervenir. Si Lova voulait poursuivre son mandat et aller jusqu'à mourir sur scène, je ne vois pas pourquoi on le lui refuserait», ajoute-t-il. Et de préciser: «J'aime mieux les solutions en douceur qui fonctionnent».Du côté des principaux concernés, on préfère une confirmation officielle avant de se prononcer. «C'est regrettable que cela se passe de cette façon, souligne Frédéric Gérard. Nous avons juste une envie: que ce théâtre continue à être ce qu'il est, à savoir un endroit de création avec des spectacles d'humour de qualité».