Tiens, voilà du boudin

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    Tiens, voilà du boudin

La vision des bodybuilders du dimanche se pavanant torse-nu à Ouchy, en pleine ville voire même dans les centres commerciaux, est sans doute l'un des plus insupportables dommages collatéraux de l'arrivée de l'été. Ces strip-teaseurs du pauvre ont en commun avec Nabilla ou Zahia – en plus de l'air niais et l'épilation intégrale - d'être persuadés qu'ils n'obtiendront l'estime de leurs contemporains qu'en se déshabillant.

Certes, une fois que l'on a dépensé le prix d'une voiture en abonnements de fitness, ceintures électro-stimulantes et boissons protéinées, il est naturel que l'on ait envie de le montrer, mais le soleil n'est pas un prétexte suffisant. Si les bédouins se planquent sous des espèces de rideaux, c'est précisément pour ne pas subir la chaleur et éviter de prendre le teint crustacé du crétin occidental. Dénonçons aussi ces cinquantenaires bedonnants qui semblent avoir oublié jusqu'à la signification du mot dignité. Afin de sentir un vent frais glisser sous leurs aisselles, ils sont prêts à imposer au grand public la vision apocalyptique de leur corps gonflés et décatis. On croirait voir l'étal du charcutier abandonné de très longues heures au soleil. Ce sont des terroristes.

Si au moins ils se faisaient exploser, ils cesseraient de se multiplier. D'ailleurs, comment se fait-il que ce ne soit pas les bombes qui se déshabillent? Ces grandes jeunes filles blondes à forte poitrine n'ont-elles jamais trop chaud? Malheureusement, la ménopause passée, les envies de nudisme finissent bien par atteindre les femmes, rappelant ainsi à tous les plagistes la puissante cruauté de la gravité.