Un quartier en colère

MONTELLY • Des projets d'extension et de construction d'immeubles dans le quartier de Montelly suscitent une vague d'oppositions. Mise en cause, la Bâloise Assurances dit attendre les déterminations des autorités lausannoises.

  • «Non au bétonnage du quartier de Montelly!» - AVANT

    «Non au bétonnage du quartier de Montelly!»

  • «Non au bétonnage du quartier de Montelly!» - APRES

    «Non au bétonnage du quartier de Montelly!»

«Non au bétonnage du quartier de Montelly!» Le slogan est sans ambiguïté. Il est aujourd'hui celui de nombreux habitants de ce quartier qui ne veulent pas de ce qu'ils appellent le «mur» des Cottages, de fait le réhaussement de près de 10 mètres de deux immeubles locatifs existants et la construction d'un nouvel immeuble de 25 mètres de long sur 18 mètres de haut aux numéros 1, 3 et 5 de ladite rue.

Un projet incohérent

Réunis au sein du collectif «Non au projet de la Bâloise», en référence à la compagnie d'assurances qui envisage ces constructions, les habitants dénoncent notamment des gabarits mal placés, l'atteinte à un monument historique tout proche, l'incohérence du projet avec les servitudes d'ordre privé existantes ou encore le déclassement d'une bande de terrain d'utilité publique au profit de la compagnie d'assurance. «Au-delà de ces incohérences, nous entendons également souligner le fait que ces constructions ne respectent pas la "tradition lausannoise" qui veut que les immeubles soient bâtis parallèlement aux courbes de niveau de la pente», complète Samuel Pache, président du Collectif, pour qui ce projet, s'il devait aboutir, ne permettrait que l'érection de «verrues» au milieu d'une zone homogène.

Une garderie en danger

Mais il n'y a pas que les aspects techniques et visuels qui dérangent certains habitants. Ces constructions et extensions jouxtent le Centre de vie enfantine de Montelly, un petit havre de paix qui profite notamment d'un dégagement et d'un ensoleillement propice aux enfants qui jouent régulièrement dans la cour. «Avec cette nouvelle construction, les enfants n'auront plus qu'un mur de béton comme horizon et ne bénéficieront plus du soleil», résume Véronique Pache, membre de l'Association des parents d'élèves du quartier. Et d'ajouter: «Le chantier prévu tolèrerait de travailler pendant les heures d'ouverture de la garderie, alors que les travaux de rénovation que la Ville prévoit d'y faire seront délibérement réalisés pendant les périodes de fermeture pour éviter de perturber les enfants. Il y a là deux poids, deux mesures. C'est inacceptable!»

La Bâloise réagit

«Nous n'avons pas eu vent d'une large opposition, mais d'une lettre de 18 propriétaires voisins signalant qu'ils prendraient toutes les mesures utiles pour s'opposer au projet de construction s'il ne devait pas respecter scrupuleusement l'ensemble des dispositions de droit public en matière de construction, ainsi que les servitudes en vigueur», affirme pour sa part Paul-Henri Guinand, membre de la direction de La Bâloise. Et d'ajouter: «En l'espèce, à part un voisin en limite, c'est l'immeuble construit appartenant à la Bâloise qui subit une certaine nuisance eu égard à la vue par rapport à la situation actuelle.» Paul-Henri Guinand tient également à préciser que la Bâloise a organisé une séance d'information en mars dernier destinée aux propriétaires et locataires de l'endroit. Tout en prenant acte des droits d'opposition éventuels émis, il souligne que son entreprise entend également défendre ses droits. «L'enquête est aujourd'hui close, conclut-il, et la Bâloise attend les déterminations de la Ville de Lausanne.»